Retour sur " CHANGES "
(Il y a longtemps, tellement bien avant)
de Stéphane Hervé
Création
mise en scène de Stéphane Hervé
avec Juliette Di Scala et Kevin Bourges
collaboration artistique Corinne Maillé
effets sonores Orian Tournafol
conseillère costume Marion Basset
création toiles Nadia Maillé
Toaster Club - Rue Fouques (Montpellier)
19 septembre
Changements... à vue !
" Je ne sais toujours pas ce que j'attendais et je manquais vraiment de temps... " (David Bowie)
Une petite salle, cinquante places à peine, mais une salle comble... n'est ce pas le rêve de tout metteur en scène, de tout auteur, de tout interprète ?
Changes, je croyais avoir une bonne idée d'un spectacle né, en quelle sorte, sous mes yeux mais, comme toujours, le public a remis la barre au bon niveau.
Que dire de la pièce, sinon qu' elle est excellente. Une incursion, en trois versions, dans le monde fragile de l'Amour. Amour entre un homme et une femme, amis durant leur adolescence - étaient-ils d'ailleurs amis ? - devenant amants, voire ayant pu le devenir, et qui déclinent la carte du tendre sous tous ses aspects. Ludoe, la fille devenue femme, est-elle cette " salope ", allumeuse et manipulatrice, Edgar, le doux garçon devenu un sérieux professeur de lettres, est-il un " abuseur ", séducteur frénétique, usant de subterfuges pour arriver à ses fins. Et si, au bout du compte, Ludoe, amoureuse, Edgar subitement résigné, n'assistons nous pas à la naissance d'un " vrai " couple ? Le texte est serré, le débit parfois s'accélère, la musique, cette musique, omniprésente. Du Bowie de Space Oddity , de , à Depeche Mode et même à Joe Dassin, on danse, on s'émeut, on participe. D'autant que ce plateau, au ras du sol, ne met pas les spectateurs sur scène, comme parfois on s'y essaie, mais la scène dans le public !
Difficile gageure pour deux acteurs plus qu'en symbiose. " Ces deux là, ils se connaissent depuis longtemps, ils sont habitués à jouer ensemble ". Propos entendus et justifiés par la proximité, la complicité amoureuse, la liberté, palpables entre les deux protagonistes. Et bien, non ! Juliette et Kevin ne se sont jamais rencontrés avant la mise en répétition de l'œuvre... il y a trois semaines. Parler de leur talent, c'est au moins le minimum, dire en plus leur intelligence du texte, leur jeu subtil, les faisant passer de post-adolescents futiles, légers, à des adultes avertis, habités par la violence et la véhémence de leurs sentiments, cela va bien au delà.
Passer une soirée en leur compagnie, il reste encore assez de dates avant la fin de l'année, sera tout d'abord l'occasion de se faire plaisir, sans a priori, et donner ensuite une reconnaissance au travail de Stéphane Hervé, de Face B Prod - Théâtre Petit Comme Un Caillou. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils le méritent... pleinement !