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La vengeance du pardon, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Publié le 19 septembre 2017 par Francisrichard @francisrichard
La vengeance du pardon, d'Eric-Emmanuel Schmitt

Ce livre contient quatre histoires, deux longues, deux courtes (dont La vengeance du pardon, qui lui donne son titre). Elles parlent de travers humains, trop humains, et de bons sentiments, qui, quand ils ne sont pas tout seuls, font de la bonne littérature, n'en déplaise à André Gide.

Lily et Moïsette sont de vraies jumelles, mais elles diffèrent depuis le début: Les soeurs Barbarin virent la lumière le même jour. Si la première provoqua l'admiration, la seconde suscita l'ahurissement en surgissant entre les cuisses épuisées de sa mère une demi-heure plus tard.

Cette différence va être, toute leur vie, une source d'envie de la part de la seconde pour tout ce qui concerne la première. Alors que Lily aime sincèrement Moïsette et ne lui veut que du bien, cette dernière ne l'aime pas et ne lui veut que du mal, en proportion de l'amour que Lily lui porte.

Il est donc d'autant plus étonnant que Lily soit accusée d'avoir tuée Moïsette, qui a basculé au fond du puits. Cela ne lui ressemble pas et c'est pourquoi, avant même que le procès n'ait lieu, tout le monde ne doute pas qu'elle sera acquittée puisque sa bonne réputation plaide pour elle...

A la suite d'un pari, William Golden, alors âgé de 16 ans, a engrossé Mandine, 16 ans, surnommée Simplette, après trois nuits d'amour: Plus l'on songeait à la défaillance de son esprit, plus on trouvait par contraste son corps parfait, jambes longues, taille souple, allure élastique.

Dix ans plus tard, William, qui est resté pendant tout ce temps dans le déni de paternité, a réussi professionnellement, au-delà de toute espérance, mais, sur le plan personnel, un accident le rend stérile: il ne pourra pas avoir de progéniture, ce qui lui importe peu, dans le fond. Sauf que...

Sauf qu'il se trouve un jour dans une situation où il lui est nécessaire de prouver qu'il a (ou peut avoir) une descendance. Très cyniquement alors, il se souvient du garçon qu'il a fait à Miss Butterfly... En définitive c'est elle qui, par son abnégation, lui donnera une sacrée leçon...

Elise Maurinier rend visite en prison à Sam Louis. Ce dernier n'est pas n'importe qui. C'est un violeur et tueur en série. A son palmarès il a quinze victimes, dont la propre fille d'Elise, Laure. Une relation étrange se noue donc entre cette mère meurtrie et ce criminel sans remords.

En fait Elise cherche à comprendre Sam, avant de lui pardonner. Quand ce sera fait, elle pourra, nolens volens, se venger de lui, après un long duel verbal avec lui. S'expliquera alors cette expression curieuse employée par Eric-Emmanuel Schmitt: La vengeance du pardon.

Dessine-moi un avion est une référence non dissimulée à Antoine de Saint-Exupéry. C'est ce que demande la Petite Princesse Daphné à Werner von Breslau, un ancien pilote de la Deuxième Guerre mondiale, qui a réussi à sauver de la destruction son Focke-Wulf Fw190...

Mais il n'y a pas qu'un lien entre les deux passionnés d'aviation: de famille noble l'un comme l'autre, ayant perdu leur père enfant, ils ont tous deux volé dans les mêmes parages à l'été 1944, au cours duquel Antoine a disparu en mer... Ce qui va donner une idée à Werner, presque centenaire...

Ce recueil d'histoires confirme - mais il n'en était évidemment pas besoin - que leur auteur, grand amateur de littérature, de musique et d'histoire, est un fabuleux conteur, sachant captiver son lecteur jusqu'au bout de ses lignes élégantes, tout en explorant les ombres et lumières de ses soeurs et frères humains.

Francis Richard

La vengeance du pardon, Eric-Emmanuel Schmitt, 336 pages Albin Michel

Livres précédents chez le même éditeur:

La nuit de feu (2015)

L'homme qui voyait à travers les visages (2016)


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