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Harkis: le comité régional de concertation enfin installé!

Publié le 27 septembre 2015 par 2idharkis

Le préfet de région a réuni jeudi 2 juillet 2015 les responsables des associations de la région Centre-Val de Loire pour constituer le comité régional de concertation pour les harkis.

Il était temps puisque la circulaire n° 5739/AG du premier ministre en date du 23 septembre 2014 relative à la mise en œuvre du plan d'action en faveur des harkis prévoyait la constitution des comités régionaux de concertation avant le 31 janvier 2015.

Le préfet a rappelé lors de la réunion les principales mesures du plan d'action tout en faisant part de sa volonté d'appliquer les mesures alors que les associations ont émis des réserves quant à l'efficacité du dispositif avant de faire leurs propres propositions.

Un préfet à l'écoute et volontaire...

Le préfet a résumé les principales mesures du plan d'action qui comprend deux volets : la reconnaissance et la réparation.

Le premier volet a pour objet d'enrichir et d'approfondir la politique de mémoire en :

  • faisant mieux connaître l'histoire des harkis,
  • recueillant et regroupant les témoignages oraux de harkis,
  • créant un lieu de mémoire nationale pour les harkis,
  • apposant des plaques mémorielles dans les anciens hameaux de forestage,
  • identifiant les lieux d'inhumation spécifiques et les personnes qui y reposent.

Le second volet, qui pour objet de faciliter l'accès au droit et d'améliorer les aides en faveur des harkis et de leurs proches, est articulé autour des actions suivantes :

  • la création de comités régionaux de concertation,
  • l'accès au droit au logement,
  • la promotion du dispositif des emplois réservés pour les enfants de harkis,
  • la revalorisation de l'allocation de reconnaissance,
  • l'aide au rachat de trimestres de cotisation retraite pour des enfants de harkis.

Le préfet a par ailleurs évoqué le parcours chaotique des familles de harkis, abandonnés et massacrés en Algérie après le départ de l'armée français, relégués et oubliés ensuite dans des camps et des hameaux de forestage. Il a également rappelé que le président de la République a reconnu la responsabilité de la France dans les souffrances endurées par les harkis, et dit que tout doit être fait pour que leurs sacrifices soient pleinement reconnus et réparés.

Il s'est enfin personnellement engagé à travailler en réelle concertation avec le comité régional de concertation pour faire appliquer le dispositif de mesures annoncées, et faire remonter à l'échelon national les propositions des associations.

...mais des associations réservées et vigilantes

Les responsables associatifs se sont exprimés sur la composition et le rôle du comité de concertation, avant d'émettre des réserves sur les mesures annoncées tout en faisant des propositions plus adaptées aux attentes des associations. Ils ne sont pas opposés à s'associer à l'application du plan d'action, mais souhaitent aussi faire un travail de réflexion tout en restant vigilants quant à l'action des services et du gouvernement.

Sur le rôle et le fonctionnement du comité régional de concertation, les associations regrettent que les départements de l'Indre et du Loir-et-Cher ne soient pas représentés et demandent que les services de l'Etat de ces deux départements soient intégrés dans la composition du comité régional. Ils demandent ensuite que les frais de déplacement des représentants des associations soient pris en charge.

S'agissant des missions de cette instance, ils font remarquer qu'elles ne répondent pas à l'esprit de la circulaire du 23 septembre 2014 et aux attentes des associations. Ainsi, la définition d'"actions de prévention contre les discriminations et l'application des instructions du gouvernement en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme", retenues par le préfet, relèvent selon eux de politiques générales qui intéressent l'ensemble de la population, et qu'il appartient aux pouvoirs publics, aux associations compétentes et à la justice de faire respecter la loi.

En outre, ils demandent la création d'un comité national de concertation regroupant les présidents et les vice-présidents des comités régionaux de concertation, pour garantir la représentativité nationale des associations localement actives.

Quant aux mesures proposées, les associations ont estimé qu'elles sont insuffisantes et ne correspondent pas leurs revendications, tout en regrettant que le gouvernement n'ait pas sollicité les associations réellement représentatives et actives.

Ainsi, la revalorisation de l'allocation de reconnaissance, soit 167 € pour 2015, est jugée insuffisante, comparée notamment à la rente servie aux descendants des victimes de la barbarie nazie: les harkis ont droit à une allocation trimestrielle de 853,75 € (soit 284,58 € par mois) sans mécanisme de révision, alors que les descendants des victimes de la barbarie nazie perçoivent tous les mois une rente de 543,64 €, revalorisée annuellement au taux de 2,5 %. Ils dénoncent ainsi un traitement différencié alors que les harkis ont été victimes de la barbarie du FLN. C'est pourquoi, Ils réclament un versement mensuel et une revalorisation régulière de cette allocation, et précisent que la revendication principale des associations reste la reconnaissance de la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis ainsi que dans l'échec de leur insertion dans la communauté nationale. Ils demandent également que les mesures de réparation soient liées à la qualité de rapatrié et concernent les femmes divorcées et les enfants nés en Algérie et dans les camps.

S'agissant des emplois réservés, ils mettent en avant les limites bien connues de cette disposition qui n'a à ce jour pas démontré son efficacité (bilan insatisfaisant, enfants de harkis non prioritaires, liste d'aptitude, manque d'information...). Ils proposent la mise en œuvre d'une politique courageuse et volontaire pour rétablir l'égalité des chances dont les enfants de harkis ont été privés (discrimination positive associant les enfants de harkis aux instances consultatives départementales et régionales et à des postes à responsabilité).

Quant au logement, ils regrettent que la mesure soit limité à l'information, et proposent plutôt des aides à l'accession à la propriété en partenariat avec les bailleurs sociaux.

Ils considèrent le rachat de cotisations comme un dispositif limité et dissuasif (nombre limité de bénéficiaires, coût exorbitant pour un public défavorisé...) et proposent que l'Etat prenne en charge 100% du rachat et la prise en compte de périodes plus longues.

Enfin, le devoir de mémoire devra prendre en compte l'enseignement de l'histoire des harkis à l'école, la poursuite de l'hommage aux harkis à travers des stèles, des plaques commémoratives, et des dénominations de voies financées par des fonds publics, ainsi que la protection des harkis contre les diffamations et les injures dans le cadre d'une loi plus adaptée que celles des 23 février 2005 et 7 mars 2012.

Malgré la volonté affichée par le préfet et ses services de travailler en concertation avec les associations de la région, d'appliquer le dispositif et de relayer les propositions, les membres du comité régional de concertation (1) veulent néanmoins rester vigilants dans l'attente de résultats concrets sur le terrain. Ils se méfient en effet des promesses de campagne et des échecs répétés depuis une quarantaine d'années des mesures bricolées par le gouvernement.

(1) composition du comité régional de concertation de la région Centre-Val de Loire
  • M. Saïd Balah, président
  • Mme Nadia Viviani, vice-présidente
  • M. Serge Grosclaude, membre
  • M. Ahmed Messaoudi, membre
  • M. Boudjema Semadi, membre

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