Je savais par ma voisine que les postiers de Montmo-rency refusent énergiquement que l’on transférât le tri, actuellement effectué à la poste principale de Montmorency (avenue Foch, non loin de la Mairie) à Groslay.
Je viens de voir le sympathique facteur qui distribue le courrier ici depuis un tel nombre d’années que je ne saurais les compter et lui demandai où en était leur mouvement. Dire qu’il est en colère relève du pur euphémisme !
Les postiers de Montmorency ont demandé une entrevue à François Detton (nouveau maire de Montmorency, de gauche) mais la direction de la Poste, l’ayant su, essaie de les court-circuiter et d’être recue avant eux…
Allons, François ! Un effort… Ne te laisse pas enfumer par tous ceux qui essaient de casser les services publics ! Parce que sinon, dans quelques années, on trouvera bien quelque prétexte pour également fermer La Poste… C’est dans l’air du temps !
Ne fais pas comme l’autre François (Longchambon) - maire de 1995 à 2008 - qui a laissé partir un nombre incalculable de services publics : la sous-préfecture, les pompiers, la recette des impôts (et j’en oublie sans doute) alors même qu’en tant que vice-président du Conseil général, il eût sans doute disposé d’un certain pouvoir pour s’y opposer.
Mais les méchantes langues racontent que lorsqu’il n’osait s’opposer à une décision du Conseil général (par exemple pour les avions de Roissy) il s’absentait au petit coin au moment du vote… C’est vachement beau le courage politique !
Sinon Montmorency va devenir, outre le “trou du cul du monde” qu’il est déjà en matière de transports en commun, un véritable désert…
C’est déjà vrai pour nombre de commerces de proximité (pas étonnant quand on observe le nombre incalculable de grandes surfaces qui se sont ouvertes ou ont été agrandies dans un rayon de 10 à 12 km). Depuis 1983, date de mon installation à Montmrorency, j’ai vu disparaître nombre de commerces : une graineterie, deux droguistes, deux magasins de bricolage, deux marchands de journaux, trois bouchers, un charcutier, trois épiceries.
Dont deux Place de l’Auditoire, juste au-dessus d’ici… les vieilles personnes qui vivent à proximité n’ont plus d’autre ressource que de monter au centre-ville, idem pour les boulangeries, l’une proche de la Place de l’auditoire et le dépot de pain de la sympathique Maria à l’Orangerie…
J’aime bien le mot de nos amis du Québec : “dépanneur” que je l’utilise et essaie de faire adopter par les personnes que je connais quand elles disent, par ex. “l’arabe du coin” ou autre expression similaire qui me déplaît foncièrement. En l’occurrence Maria est Italienne et tout le monde disait “chez Maria”.
Car elle ne faisait pas que vendre du pain et des pâtisseries… mais on trouvait presque de tout chez Maria… une épicerie en réduction. Même un peu de légumes pour la soupe des personnes âgées qui fréquentaient chez elle.
Je me souviens encore de cette sombre soirée de janvier 84, vers 18 heures. Je débarquais de Paris où j’étais allée faire des démarches pour trouver du travail, à “l’Appel médical” (intérim) et cela s’était prolongé car j’avais dû passer une visite médicale dans un autre lieu, faire inscrire mon diplôme (j’étais précédemment inscrite à la CRAM du Loiret) etc… et je n’avais pas trouvé de pain (la gare de banlieue à Paris-Nord était alors un infect cloaque).
En descendant du bus à l’Orangerie, j’aperçois une enseigne de boulangerie… sauvée. Quelque chose de rassurant aussi dans cette tache de lumière sur le trottoir qui venait éclairer la nuit d’encre. Ce fut la première mais sûrement pas la dernière que je poussais sa porte.
Pour tout dire, Maria était la providence du quartier et même d’ailleurs, car un certain nombre de personnes s’arrêtaient chez elle en passant (quand bien même fût-il assez difficile de se garer). Elle était ouverte avant 8 heures du matin et fermait rarement avant 20 h 30.
Je ne sais pas où elle trouvait autant de ressort pour faire tout ! Car elle préparait un certain nombre de plats divers, salade piémontaise et autres carottes rapées ou céléri rémoulade, ect… bref, tout ce que l’on trouve chez les charcutiers, lesquels se contentent trop souvent aujourd’hui d’ouvrir des emballages de produits préparés industriellement.
Ses parts de pizza était un vrai régal, la meilleure que j’ai mangée depuis fort longtemps (une aide-soignante de la clinique, également Italienne, nous en avait préparée une fois une aussi bonne). La pâte souple et moêlleuse comme je l’aime.
Les ouvriers qui travaillaient sur des chantiers dans le quartier, s’ils ne voulaient pas déjeuner au bar-tabac de l’Orangerie trouvaient de plantureux sandwiches pour environ 2,5 €. J’en ai acheté une fois car je devais aller à Paris et n’avais pas le temps de déjeuner avant et j’en ai été très satisfaite. Elle en préparait un certain nombre (pour tous les goûts) et pouvait encore en faire un devant vous, selon ce que vous souhaitiez manger.
Quant à l’Orangerie, à l’époque des Rosani la cuisine était bonne, un vrai repas pour environ 10 €… après leur départ, c’est devenu du n’importe quoi, il suffisait de passer dans l’allée qui remonte vers l’Ecole de Musique, une infecte odeur de grâillon qui s’échappait de la fenêtre de la cuisine… de quoi être dégoûté d’aller y manger !
En outre, Maria faisait crédit. Elle tenait ses comptes sur un grand agenda. Il y avait beaucoup de personnes modestes qu’elle dépannait ainsi, pratiquement d’un mois sur l’autre. Tout le monde la réglait rubis sur l’ongle.
Cela m’est arrivé, tête en l’air comme je peux l’être, j’avais oublié de prendre de l’argent. Je n’ai pas honte de dire que je lui ai demandé de me faire crédit pendant 15 jours, la CRAM ayant tout bonnement “oublié” de me verser ma pension d’invalidité…
Quand j’ai vu que l’argent ne tombait pas sur mon compte entre le 8 et le 10 - je me demande d’ailleurs pourquoi la CRAM et la CNAV ne versent pas les pensions et les retraites au début du mois et j’en parlerai prochainement - j’ai téléphone à la CRAM d’Ile de France. Je suis tombée sur un employé d’une incorrection et d’un mépris à couper le souffle : quand je lui ai dit téléphoner car je m’inquiétais de n’avoir pas reçu ma pension, il m’a répondu quelque chose de l’ordre : “c’est ça, oui”… avant, quand même de me passer le service compétent… où l’on m’annonça que cela serait régularisé le trimestre suivant !…
Je me voyais mal barrée parce que nous étions en début de trimestre… Mes maigres économies avaient déjà été englouties par les divers virements qui tombent en début de mois. Le versement de la caisse complémentaire n’assurerait que les les prochaines échéances. Mais pour manger ?
Prétendument, je n’aurais pas renvoyé le questionnaire trimestriel… Mon oeil… On m’en renvoya un que je remplis sur le champ et, ce fut heureusement réglé dans les quinze jours.
Mais j’en tirai la leçon, et jusqu’à ma retraite, quitte à perdre quelques sous, je renvoyais le questionnaire en recommandé.
Il fut un temps où la Caisse de retraite complémentaire avait pris la fâcheuse manie “d’oublier” de verser la pension… N’étant pas un parangon de tenue régulière des comptes et ne pensant pas à vérifier ma position à la banque, je me suis retrouvée plusieurs fois dans le “rouge” très vif !
Tout ça pour dire que sur la “Planète pauvre” où j’ai pris pension depuis fort longtemps, nous sommes toujours à la merci d’un coup du sort. Que ceux qui pensent que les pauvres sont pauvres parce qu’ils le méritent et ne savent pas tenir un budget, vivent un an avec 900 € euros par mois… ols comprendront sans doute !
C’est précisément parce que je vis ces difficultés au quotidien que toutes mes dépenses régulières sont mensualisées et prélevées sur mon compte en début de mois. Après, j’organise mes achats courants en conséquence de ce qui reste. Je suis nettement plus fourmi que cigale.