Un dictateur peut-il commettre la saignée de son peuple et mourir tranquillement dans son lit ?
Au vu du sort récent - et mérité- de quelques dictateurs, la réponse tendrait vers la négative.
Il y a pourtant un despote sanguinaire, contemporain, qui aura bénéficié de toute l'ironie dont peut être capable l'Histoire.
Et pour cela, nul besoin de parcourir des milliers de kilomètres ou de cingler vers d'autres continents.
Franchissez les Pyrénées et rendez-vous en Espagne.
Franco, ça vous dit quelque chose ?
Objet de dégoût, de haine, symbole de l'écrasement d'un peuple pendant plusieurs décennies, le " Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios" n'aura pas eu à s'inquiéter du jugement de ses contemporains et décédera le 20 Novembre 1975 tout en s'assurant d'une impunité pour les militaires ou les membres de l'administration qui l'auront soutenu.
40 ans après la mort de Franco, certains n'oublient pas la violence, la torture, le garrot (mode d'exécution en cours), les vies détruites, les destinées brisées, l'exil plutôt que subir.
Le recueil " Franco la muerte ", au travers de 20 nouvelles rédigées par autant d'auteurs engagés, propose de ressusciter la mémoire qui s'évanouit, de réinscrire dans les esprits la lutte qui s'étiole sous les décennies.
C'est parfois dur à lire - une dureté qui amène à la nausée - parfois ironique voire même drôle mais toujours juste.
Certaines nouvelles distillent le même fait avec des points de vue ou des vécus différents mais toutes se répondent avec brio, comme si les auteurs s'étaient donnés la main pour danser une ronde vengeresse sur la tombe de Franco.
A noter, au côté de signatures parfois très connues, celle de Patrick Fort.
Les fidèles de ce blog le connaissent, j'ai déjà commenté et partagé à maintes reprises mes impressions sur ces écrits.
Rappelez-vous...
Son roman " Après nous " explorait déjà les allées sombres du XXème siècle en redonnant vie à Celestino Alfonso, un jeune espagnol engagé au côté de Missak Manouchian (voir la célèbre Affiche Rouge), fusillé au Mont Valérien pour avoir trop aimé la liberté et avoir voulu aider la France à se relever.
" A quelques minutes près... ", la nouvelle de Patrick figurant dans le recueil sur Franco, contribue à le faire connaître comme l'un des enragés de la plume. Pour la bonne cause, bien sûr !
Une consécration ?
Pourquoi pas ... certainement !
Et c'est tout ce que je peux lui souhaiter !
Franco la muerte, collectif, aux Éditions Arcane 17, 2015.