Un siècle avant les JO de 2024, qui auront pour cadre la capitale française, Paris organisait les derniers Jeux en date sur les bords de Seine. Celles et ceux qui ont alors fait l'actualité ont tous marqué de leur empreinte l'histoire de l'olympisme. Cette galerie de portraits vous invite à les découvrir au moment même où Paris s'invente un nouveau destin olympique...
Loulou et son bitos... Image : http://gallica.bnf.fr/
Sur la photo, Louis Faure-Dujarric a l'air aussi raide que les poils de sa moustache. A 47 ans, c'est une âme de " sportsman " qui vibre pourtant sous le costume de l'homme respectable. Pas bedonnant pour un rond le bourgeois, mais sec comme un coup de trique en adepte de l'exercice physique, que ce Racingman bon teint pratique depuis son plus jeune âge. A 18 ans, il est même finaliste avec son club du deuxième championnat de France de rugby de l'histoire à Bécon-les-Bruyères, défait 7 à 3 par cet embarrassant rival parisien qu'est déjà le Stade Français. Dès lors, même pendant ses études d'architecte, l'ancien capitaine des quinzistes ne reniera jamais son attachement ciel et blanc, au point d'occuper la vice-présidence du Racing, quand Paris s'apprête à accueillir les Jeux olympiques de 1924. Il sera même l'un de ceux qui permettront au comité d'organisation de sortir de l'impasse dans lequel les élus de la capitale l'avaient placé en se montrant incapables de faire aboutir le dossier du grand stade destiné, entre autres, à accueillir les épreuves d'athlétisme, de football et de rugby. Grâce au maire de Colombes et au Racing, c'est dans cette banlieue ouvrière, sur l'emplacement de l'ancien Stade du Matin, que va voir le jour l'enceinte appelée à rester pour de nombreuses années le temple du sport français.
Dans les tribunes du stade olympique, se cache Winston Churchill, saurez-vous le retrouver ? Image : http://gallica.bnf.fr/
En plus d'être Racingman, Louis Faure-Dujarric, architecte disposant déjà d'une solide réputation, a l'expérience des édifices sportifs, pour avoir entre autres construit le court central de Roland-Garros. Il sera donc l'homme du stade olympique. En un an et demi seulement, il donne naissance à ce qui se fait de mieux à l'époque en matière d'architecture sportive : un géant de 60 000 places, dont 20 000 couvertes et assises réunies dans deux tribunes longeant les lignes droites de la piste d'athlétisme. Un stade fonctionnel, offrant aux spectateurs un large champ vision grâce à ses gradins au profil parabolique et à sa piste d'athlétisme relevée en mâchefer rosé, tranchant joliment avec le vert de la pelouse centrale. Ses charpentes légères de fer et de bois, ses assises en ciment lui donnent, comme l'écrit Dans L'Illustration Jean de Pierrefeu, nostalgique des stades antiques, " l'élégance d'une épure géométrique, (...) la froide beauté des formules algébriques et la grâce squelettique du calcul. " Les spectateurs, qui entrent et sortent facilement de cet ovale posé au pied des cheminées d'usines, apprécient, eux... Et lorsque le 5 juillet 1924 Géo André prononce le serment olympique, il salue aussi un peu le grand œuvre de Faure-Dujarric, l'architecte ciel et blanc.