Vous connaissez peut-etre - joann sfar

Par Leila Renoux @LeelooR
Quand vous ouvrez votre session Facebook, vous voyez sur la droite de votre écran la mention : « Vous connaissez peut-être ? » Si la réponse est oui, vous pouvez éventuellement cliquer, si la réponse est non, lisez le livre de Joan Sfar, et on en discute après !

« Au début il y a cette fille, Lili rencontrée sur Facebook. On clique sur la photo du profil et un jour on se retrouve chez les flics. J’ai aussi pris un chien, et j’essaie de lui apprendre à ne pas tuer mes chats. Tant que je n’aurais pas résolu le problème du chien et le mystère de la fille, je ne tournerai pas rond.

Ça va durer 6 mois.

C’est une histoire vraie. Tout est vrai sinon ce n’est pas drôle»


Donc tout s’est passé à peu près en même temps. Après une rupture, l’auteur cherchait à se réfugier. Il disposait de deux terrains de jeu, l’univers sensible et le monde imaginaire. Son imaginaire été squatté par Lili et son quotidien dévoré par son chien.
Revenons au chien, ce bull-terrier Marvin qui accapare les 77 premières pages, on se demande où l’auteur veut en venir. Soyons honnêtes, quand on lit ce bouquin, c’est aussi pour satisfaire une part de scopophilie inavouée, on est là pour Lili, on n’est pas là pour lire les déboires de l’auteur qui n’arrive pas à éduquer son chien, mais il nous donne de lui-même la réponse :

« Pourquoi tant de pages avant de trouver le courage de raconter cette histoire ? Parce qu'elle fait autant honte que les confessions d'un type ruiné par une secte Krishna Jihad et qui se réveille en se demandant comment il a pu marcher dans de telles conneries. Lili, c'est le procès de la croyance, cette vieille peluche. »


Provoc et extravagant, par moments l’auteur en fait un peu trop, peut-être autant que son chien fou-fou. On se perd dans les méandres de l’éducation canine, celle de ses enfants, son atelier, ses histoires « galantes », ses dialogues crus, une familiarité surjouée, les juifs, les palestiniens…mais la toile de fond reste Marvin et Lili, et quand on retrouve la partie qui nous intéresse, on s’y accroche.Un bon élagage n’aurait pas fait de mal, ses tentatives philosophiques sont un peu empruntées  mais l’humour de l’auteur et son autodérision font que vous gardez le livre en main. Et puis surtout vous voulez savoir jusqu’où il a bien voulu croire en cette Lili…« Jure-moi que tu écriras notre histoire », voilà Lili, il l’a fait !

Edition : 

ALBIN MICHEL,
272 pagesDate de Parution : 23 août 2017