Favorite logique de cette finale, la sélection ibérique a assumé son statut sans jamais trembler ou presque tant elle a maîtrisé les événements. Puis Torres est devenu un héros.
![ma0__quay___photo_9_b_____m1-5532571.JPG ma0__quay___photo_9_b_____m1-5532571.JPG](http://media.paperblog.fr/i/84/849018/espana-por-favor-L-1.jpeg)
On a beau dire, mais une finale d’une grande compétition internationale n’est jamais un instant comme les autres. Le dernier match est toujours magique même s’il est emprunt d’une terrible indécision qui fait basculer les uns dans le bonheur suprême, les autres dans le désarroi le plus complet. L’heure n’est plus aux interrogations, aux doutes et à l’introspection. La concentration, l’attention, l’application sont maximales. La tension nerveuse, la pression le sont aussi. L’Allemagne est une grande habituée avec treize finales déjà disputée. En fait, cela ne lui servira que dix minutes dans une première période maîtrisée autant tactiquement que techniquement par des Espagnols toujours au sommet de leur art. Et le but d’avance offert au peuple ibérique par Fernando Torres n’est que la récompense d’une domination sans partage.
La Mannschaft n’en profite pas. Pourtant, dans ce match, ce n’est pas attaquer le premier où il convient d’être performant mais plutôt dans le savoir-faire de la contre-attaque. Pour cela, il faut se montrer patient, être bien en place, se reposer sur une bonne assise défensive et attendre les premières erreurs. Les protégés de Luis Aragones vont commettre les premières l’espace d’une entame un peu trop stressée. Les Allemands ne sauront en profiter. À tort. Et voilà la mécanique espagnole prête enfin à fonctionner. Avec une subtilité apportée par Aragones, la permutation des deux joueurs offensifs de couloir. Iniesta est passé à gauche, Silva à droite, afin de perturber les deux latéraux.
Alors, Casillas et ses partenaires laissent l’initiative des
opérations à leurs adversaires qui tombent dans le piège comme des enfants.
Incapables de conduire leurs actions au bout, leurs pertes de balle sont mises
aussitôt à profit par des Espagnols tout heureux de l’aubaine. Sous l’impulsion
d’un Fabregas, à la passe millimétrée, d’un Xavi, toujours prompt à franchir le
premier rideau, et d’un Iniesta, redoutable lorsqu’il repique à l’intérieur, la
défense germanique commence à prendre l’eau de toutes parts. Lehmann écope une
première fois, son montant le sauve une deuxième. Il ne peut rien, en revanche,
sur la troisième. Senna sert Iniesta, plein axe, qui profite du laxisme du
milieu adverse. Il lance Fernando Torres dans l’intervalle. Et celui-ci accélère
et dépose sur place Lahm avant de piquer son ballon au-dessus de Lehmann (33e).
L’ivresse s’empare alors des aficionados. En face, seul Ballack est à la
hauteur de l’événement. Il joue à merveille entre les lignes et dans les
intervalles. Un poison trop isolé pour le moment.
Coaching payant.
Ce que confirme la reprise avec l’insolente maîtrise espagnole qui perdure
surtout dans la récupération. L’Allemagne semble résignée à ce moment et
multiplie son déchet technique par deux. Silva puis Torres font parcourir le
frisson le long de l’échine de Lehmann. Joachim Löw abat ses atouts sans
tarder. Il sort un milieu défensif pour lancer un attaquant, Kuranyi et change
son système. Il passe en 4-4-2 avec un milieu en losange. L’effet est immédiat
dans la présence et l’impact. Heureusement, Casillas est impérial. À son tour,
Luis Aragones procède à son coaching avec l’entrée de Xavi Alonso et Cazorla,
capables de mieux défendre dans une fin de match.
Il n’en faut pas plus pour rééquilibrer une équipe placée sur le reculoir. Et à l’Allemagne pour perdre à nouveau son football. Le milieu enchaîne les imprécisions et les maladresses techniques ce qui profite à leurs adversaires. La preuve, Ramos contraint Lehmann à une parade décisive sur son coup de tête (67e) et Metzelder sauve sur sa ligne dans la foulée. On est plus près du 2-0 que du 1-1. Surtout lorsque sur un mouvement d’école à trois, Senna est un poil trop court pour réussir le break (82e). Et tant que l’espoir aussi ténu soit-il existe, la Nationalmannschaft n’est jamais résignée. La dernière note de la partition de M. Rosetti est nécessaire pour lui faire admettre sa défaite. Aussi cruelle que logique.
Alain Goujon, Sud Ouest