Dans l'espace de quelques minutes, vendredi matin, il était sur un "high", son cerveau partant dans toute les directions. Tweeter, servant de générateur de désordre pour celui qui occupe l'une des positions les plus importantes au monde.
Trump est passé, en l'espace de quelques minutes, de Scotland Yard, au terroristes losers, à la chaîne de télé sportive ESPN, à Barack Obama, "aux Internets", à la rectitude politique pour finir avec les familles des États-Unis qui amènent des membres de leur famille au pays. Ça parait incohérent comme ça, mais en s'y penchant, on pouvait y lire une rivière de délire de la même eau.
Une longue et distinctive plainte enfantine.
Ce qui a semblé inspiré l'oiseau Trump est d'abord l'explosion de la station de métro Parsons Green de Londres. Il au aussitôt tweeté , à 6h42 du matin, "une autre attaque à Londres par des terroristes losers. Voilà des gens malades et déments, que Scotland Yard avait dans leur mire. Il faut être proactif!"
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Sa première réaction à une situation dangereuse et tragique en cours est de pointer du doigt les braves gens qui traquent les ennemis du monde pour ne pas avoir été sur le dossier, ou suffisamment agressif sur leur traque. Trump a fait la même chose face aux Sud Coréens les traitant de "calmeur de jeu" dans la juvénile chicane entre les États-Unis et la Corée du Nord. Comme si c'était un défaut d'être l'adulte entre deux enfants turbulents. L'Angleterre (Scotland Yard) et la Corée du Sud sont deux alliés des Amériques. Les deux pays avaient des raisons d'avoir d'attendre un mot de sympathie de la part du président des États-Unis. Au minimum, un mot respectueux.
Et où Trump prend ses
Les commentaires de May sont survenus plusieurs heures après le tweet matinal de Trump. Mais 6 petites minutes après ce premier tir, Trump tirait à nouveau. Trump offrait une solution pour contrer ses "losers terrorists". Il tweetait: "Les internets sont leurs principal outil de recrutement, il faut leur couper et mieux l'utiliser!". Couper l'internet? Comment? et à qui? La constitution couperait assez vite une telle initiative. Mais Trump ne semblait pas avoir le temps de penser à ce type de détails. Une enfant qui fonce sur un cornet de crême glacée ne pense pas au chien couché par terre entre le cornet et lui. Et fonce.
Six minutes plus loin, il retweetait sur un autre sujet: "L'interdiction de séjour aux États-Unis devrait être plus large et plus sévère encore et plus spécifique. Mais stupidement, ce ne serait pas assez politically correct!"
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Trump, et son
Ce tweet est un autre tweet qui viendra lui mordre le mollet, puisque des avocats travaillent le dossier de l'invalidité de son interdit de séjour pour les six nations riches en communautés musulmanes.
Cette nouvelle frustration matinale de Trump a semblé en initié une autre. 6 minutes (666) après ce tweet en arrivait un autre: "Nous avons fait plus de progrès en 8 mois contre l'État Islamique que l'administration Obama en 8 ans. Nous devons être agressif et proactif!". Douteux, mais aussi révélateur de sa possible (et justifiée) crainte de ne jamais être perçu comme le leader qu'aura été Barack Obama. Évoquant Obama, un homme noir, Trump a ensuite dérivé ailleurs.
L'analyste sportive de la station télé ESPN, Jemele Hill, une femme noire, a lancé lundi sur Tweeter la chose suivante: "Donald Trump est le président le plus suprémaciste blanc de l'histoire des États-Unis et le plus ignorant". Dès le lendemain, l'administration de Trump exigeait son renvoi. Trump a tweeté (faussement) que les gens laissait tomber la station ESPN parce que sa programmation était moche et qu'ils avaient un agenda politique. Il était déçu de voir qu'une femme noire pouvait prendre le crachoir sans être punie, sur une station télé très mâle. ESPN n'a pas renvoyée Hill et a accepté ses excuses. ESPN a même rajouté qu'ils n'acceptaient pas la tribune (ESPN) d'où le message a été lancé mais qu'en substance ne condamnait pas le propos.
Trump a macéré tout ça quelques heures dans sa sauce mentale avant de tweeter autour de 9 heures: "LA MIGRATION EN CHAÎNE ne doit pas être acceptée dans les nouvelles lois à venir!". Le terme migration en chaîne est nouvellement attribuée à ces familles dont une ou deux personnes migrent en premier avant que ceux-ci n'y invitent plusieurs autres membres de leur famille par la suite. Si ça ressemble à l'histoire de milliers de famille de migrants (incluant celle de Trump), c'est parce que l'est. L'obssession actuelle à l'égard de la migration en chaîne trahit une réelle antipathie envers les Dreamers qu'on arrive mal à cacher.
Dans les heures qui ont suivi, comme trop souvent, son administration a réajusté le tir et a offert ses condoléances aux Anglais.
Mais le ressentiment des tweet d'un immature en position de pouvoir reste réelle.
Et toujours inquiétante.