Depuis hier, je m’interroge sur l’angle de vue et l’éclairage que j’entends donner à ce sujet. D’autres que moi l’auront en effet déjà, ici et là, maintes fois épinglé. Il s’agit donc pour moi de se démarquer en apportant une contribution différente. Je veux évoquer cette polémique qui en dit assez long sur l’absence de sens moral de notre époque, à propos de cet exercice de mathématiques à l’usage des élèves de terminales ES et L contenu dans la collection Hyperbole, chez Nathan :
Il est évident pour quiconque possède un minimum de considérations humanistes, et qui est sensibilisé au thème dont il s’agit que cet exercice n’est pas dénué d’arrières pensées, et qu’il comporte un grand risque de conduire à la thèse complotiste du pseudo » grand remplacement ». Un certain magazine réac nous en a encore donné illustration il y a quelques jours seulement en habillant sa publication de considérations qui se voulaient tout aussi « scientifiques » et « mathématiques »…
J’aurais pu choquer le bourgeois et le pusillanime – du genre qui ne fait rien avancer du tout et qui tergiverse en ergotant sur des pointes d’aiguilles – en proposant aux mêmes éditions Nathan un exercice tout aussi instructif, qui inviterait par exemple ladite cible pédagogique à plancher sur le nombre de juifs qui auraient pu être gazés à Auschwitz en 56 jours sachant que la surface d’une chambre à gaz était de 53 mètres carrés et la hauteur sous plafond de 2mètres 43. J’aurais du m’abstenir, à imaginer vos réactions légitimement indignées. Normal, c’est à mon sens du même registre bien dégueulasse…
Puis j’ai pris connaissance de la réaction des éditions Nathan, chez Bembelly. Inutile de vous dire, quelle surprise, qu’elle n’est franchement pas à la hauteur, et qu’ils n’ont vraiment rien compris à la nature même de ce qui fonde cette polémique justifiée, puisqu’elle provoque un débat nécessaire :
Elle n’a fait que confirmer mon questionnement suivant puisqu’elle se situe exactement sur le même registre, purement mathématique, exempt de toute empathie, de tout sens social. Je me demandais en effet auparavant ce qui pouvait bien caractériser un individu capable de produire pareil exercice. Quel était sa psychologie, ses caractéristiques personnelles, son positionnement politique, ou plutôt son absence de questionnement idéologique, pour qu’il puisse proposer pareil sujet sans rougir ? Je crois bien que j’ai trouvé la réponse… Ces gens, en complets technocrates qu’ils sont, quand bien même habillent-ils leur infâme produit de considérations scientifiques, sont entièrement aveuglés, et leur esprit totalement obscurci par le seul unique et exclusif objet de leur étude, sans tenir compte de ses autres multiples facettes. Voilà qui aurait pu correspondre à certaines pathologies psychiques bien connues, qui privent leur victime de toute prise en compte de la dimension affective et émotionnelle de leur perception du monde. Mais j’ai préféré clore provisoirement ce billet et cette histoire en restant sur le souvenir qu’autrefois, dans notre enfance, pour les plus âgés d’entre nous, nous avons été confrontés sans qu’il s’agisse de minorer d’aucune manière l’indignité de cette affaire, à des manuels scolaires comprenant bien d’autres saloperies, selon les époques et leur évolution des mœurs : sexistes, racistes, colonialistes, eugénistes, etc etc etc.