Pourquoi le choix de cette photo, celle d’une sœur de la Perpétuelle Indulgence, pour illustrer la Marche des Fiertés ? Non pas parce qu’elle est provocatrice, ou qu’elle correspondrait aux clichés qu’on attend de la Gay Pride, dite Marche des Fiertés depuis quelques années. Non, simplement parce que je la trouve belle, et que ce visage fardé est ironique et malicieux, mais aussi bon et humain, à m’image de ces étranges Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.
C’est la 27ème ou peut-être la 28ème Gay Pride à laquelle je participe. Certaines ont été si fortes, comme celle de 1981. C’était en avril, avant l’élection de François Mitterrand, et je me souviens de l’extraordinaire moment d’enthousiasme quand on annonce au micro à la fin de la marche que nous sommes 10.000. 10.000 ! Impensable à Paris au début des années 80. Je me souviens aussi avec émotion de cette coutume qui pendant plusieurs années faisait finir la marche en entonnant « La vie en rose » à plusieurs milliers. Je me souviens aussi de tous ceux qui ne sont plus avec nous aujourd’hui, pour participer à ces marches. Le char d’Act Up me déstabilise à chaque fois, et les trois minutes de silence au cœur de cette marche de musique et de fête sont longues, lourdes et tristes de souvenirs. Aujourd’hui 700.000 personnes, la marche continue à revendiquer, mais surtout elle est devenue une des plus belles fêtes de Paris, une fête de la joie, une fête de la tolérance, et une fête du bonheur partagé.
Jean-Paul Chapon
Quelques photos de ce bonheur partagé hier à Paris.
Marche des Fiertés - Paris 28 juin 2008