On sait que l'exposition prénatale aux pesticides, en particulier en milieu rural et agricole est associée à un risque accru d'autisme et autres troubles neurologiques. Une large étude du Mind Institute (Université de Californie), déjà publiée dans la revue Environmental Health Perspectives a ainsi confirmé le lien direct entre l'autisme et l'exposition prénatale à certaines substances chimiques dont les organophosphates, pyréthroïdes et carbamates. Cette nouvelle recherche de l'UC Davis, proposée dans la même revue, suggère aujourd'hui que la prise par la mère des quantités recommandées d'acide folique autour de la conception pourrait néanmoins atténuer le risque d'autisme pour l'enfant exposé in utero.
Ces conclusions sont issues de l'analyse des données de 296 enfants, âgés de 2 à 5 ans diagnostiqués avec TSA et 220 enfants témoins sains, au développement normal, participant à la CHARGE Study. Les mères ont été interrogées sur de leur exposition aux pesticides pendant la grossesse, sur leur apport en vitamine B et en acide folique. L'équipe a également pris en compte les données des rapports du California Pesticide Use, qui précisent l'usage agricole des pesticides en fonction de la localisation. Environ un tiers des mères de l'étude vivaient durant leur grossesse à moins de 1,5 km de zones couvertes par des pesticides agricoles.
- La proximité des organophosphates à un moment donné de la grossesse est associée à un risque accru de 60% de TSA, et plus élevé encore pour les expositions au troisième trimestre de la grossesse : le risque de TSA peut alors être multiplié par 2.
- Idem pour le chlorpyrifos avec une exposition au cours du deuxième trimestre de grossesse : le risque peut être plus que multiplié par 3.
- Quant aux insecticides pyréthrinoires avec exposition juste avant la conception ou au cours du troisième trimestre, ils sont associés à un risque accru de TEA et de retard de développement.
L'analyse montre que :
- les enfants dont les mères ont pris 800 microgrammes ou plus d'acide folique (soit la quantité présente dans la plupart des vitamines prénatales) voient leur un risque significativement réduit de développer un trouble du spectre autistique (TSA) même lorsque leurs mères sont exposées à des niveaux élevés de pesticides ;
- les mères exposées ayant pris moins de 800 microgrammes présentent un risque beaucoup plus élevé d'avoir un enfant autiste que les mamans qui ont pris 800 microgrammes d'acide folique ou plus et/ou n'ont pas été exposées aux pesticides ;
- le risque associé augmente pour les femmes exposées à plusieurs reprises ;
- les femmes à faible apport en acide folique exposées aux pesticides agricoles pendant une fenêtre de 3 mois avant la conception à 3 mois après sont également à risque plus élevé.
L'auteur principal, Rebecca J. Schmidt, professeur au Département des sciences de la santé publique commente ces résultats : " Les mères devraient essayer d'éviter les pesticides. Mais lorsqu'elles vivent en milieu agricole, avec des niveaux très élevés de pesticides, l'acide folique peut être un bon moyen de contrer les effets néfastes de cette exposition ".