Laura Kasischke : Si un inconnu vous aborde

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Si un inconnu vous aborde de Laura Kasischke    3.75/5 (31-08-2017)

Si un inconnu vous aborde (192 pages) est disponible depuis le 19 août 2017 aux Editions Page à page (traduction : Céline Leroy). 


L’histoire (éditeur) :

Bienvenue dans l'univers caractéristique de l'auteure avec cet unique recueil de nouvelles de Laura Kasischke : étrangeté à la frontière du surnaturel, éventail raffiné de violences et tensions sous-jacentes parcourent ces quinze nouvelles inédites.

Mon avis :

Laura Kasischke et nouvelles. Voilà deux choses qui, côte à côte, ne pouvaient que présager du bon. Effectivement, je me suis délectée à la lecture de ses textes, qui finalement (je suis une perpétuelle insatisfaite !!!) ont été trop courts à mon goût.

Il faut bien avouer que l’auteure a un don si particulier pour imposer une ambiance (quelle quel soit : malaise, surnaturelle, fantastique..) et une tension sous-jacente  parfois juste en quelques pages (Les prisonniers n’en fait que 3). Si on ressent une légère frustration de la brièveté de certaines nouvelles,   cela suffit aussi à nous plonger dans son univers où le banal et le quotidien prennent une tournure plus dramatique. Ce qu’elle met en scène, c’est notre société (sous ses différents aspects) et ses acteurs obsessionnels pris dans des désirs et des peurs parfois (souvent) obscures, à la limite de la folie. La nouvelle Mona, par exemple, qui ouvre le recueil, dépeint une mère de famille célibataire fouillant dans les affaires de sa fille de 16 ans à la recherche de quelque chose, d’un sombre secret, alors qu’aucune raison tangible ne lui a été donnée de le faire et qu’il s’agit  pourtant d’une bonne élève, obéissante et sans problème. La tension et le malaise s’installent jusqu’à ce que l’inattendu débarque avec ses dénouements.

L’intime et le sordide se côtoient intimement et l’irréel vient s’immiscer  dans le concret et les vicissitudes des personnages  pour donner une ambiance toute particulière si chère à l’auteure. Si le surréaliste tient une place majeure ici (le besoin de relire certaines nouvelles afin de parfaitement saisir là où elle veut nous emmener s’impose parfois) ce n’est que pour mieux parler de notre monde paranoïaque, étranger, absurde, désœuvré… avec une écriture particulièrement poétique elle exprime toute la complexité de l’humanité.

Je n’ai pas été fan de tous les titres ici mais pris vraiment un grand plaisir à les lire et à  jouer l’équilibriste, vacillante, sur ce fil tendu du drame prêt à exploser. En outre, j’aime son écriture imagée, sombre et ponctuée de traits d’humour décalé.