Monique Saint-Julia est peintre et poète. Dans son dernier recueil, Un toucher de neige, ses gouaches et sa poésie se répondent en douceurs et chuchotements. La couverture en donne un bel aperçu, en rondeurs ouatées.
Le titre indique que le thème en est la neige, mais, à la fin, il mue: après elle, le dégel. Parce que le printemps succède inévitablement à l'hiver et qu'avec l'échauffement de la terre, elle perd de sa solidité éphémère et se liquéfie.
Quand la neige paraît, la poète s'en émerveille comme une première fois, redevient une enfant, ravie que le blanc soit mis, et comble son attente, comparant l'opacité blanche à un effleurement très lent d'ailes de chauve-souris.
Elle invite à voir une manière de film muet, tout en blanc et nuances de gris, comme le ciel pris dans un immense piège cotonneux:
Tout se tait, s'épie, dérive,
musique en fuite.
Et cette neige, qui tisse des sons feutrés comme des pas de religieuses la conduit loin, très loin d'elle-même, là où le silence est roi:
Tout ramène à l'assiduité du blanc
à l'oubli de soi.
Car la neige est en elle-même musique, sourde, qui prépare au silence:
Ni échos, ni voix, ni murmures
un toucher de neige démêle la même harmonie
que des notes de piano en sourdine.
Des soies volent, hésitantes.
Haies, chemins, bois disparaissent
à seule fin de créer une invitation au silence.
Francis Richard
Un toucher de neige, Monique Saint-Julia, 88 pages, L'Aire