Envisager guérir après les abus sexuels de mon frère

Publié le 12 septembre 2017 par Dress @lamouka_blog

13 ans aujourd’hui,

Et personne ne connait rien de cette histoire que je m’apprête à livrer, 13 ans aujourd’hui que je voyais pour la 1ère fois ce liquide blanc, celui de mon frère de sang, était ce la jeunesse ? La sorcellerie ? Ah oui ça n’arrive qu’aux autres et on ne réalise pas tant que ça ne nous touche pas (Soprano Voice), sauf que pour certaines les mémoires reviennent très tard.
Je vous parle de moi, oui moi, mon nom ? A quoi servira t il ? De toute façon, il n y aura pas de justice pour moi, quel impact cela peut il encore avoir aujourd’hui après tant d’années ? Qui serai-je ?
Je suis issue d’une fratrie de 6 ou 7 enfants par là, très vaguement, ceci n’est pas le récit d’une enfance malheureuse, loin de là, c’est un aveu, une confession, mon péché a été de me taire, que Dieu me pardonne, pire encore une révélation à moi-même de ce passé tant refoulé. Pourquoi j’en parle ? Pour guérir, pour panser mes plaies, suis-je une victime ? Je ne sais pas, très sincèrement, personne ne m’a demandé de me taire, c’est venu tout naturellement, parce que c’était normal de ne jamais révélé ce genre de choses sordides, j’en parle pour guérir, parce qu’au delà des sourires larges que je fais à mon grand frère, celui là même qui vient juste avant moi, se cache une peine douloureuse (elles sont toutes douloureuses, certaines plus que d’autres).

 
Alors, je disais que nous sommes à peu près 7, à l’époque nous vivions dans un 2 chambres, on partageait donc tous la même chambre, j’étais la seule fille, ils étaient 2 garçons (enfin je crois je ne me souviens que très peu de cette période que j’ai mise dans un coin de ma tête pendant des années jusqu’aujourd’hui. J’avais autour de 11 ans si j’ai bonne mémoire, vierge comme Marie, mais apparemment déjà mûre pour cette personne qui n’est rien d’autre que mon frère, du haut de ses 17 ans à l’époque, j’écris ce texte en pleurant, mes larmes chaudes brûlent mon visage de colère, de tristesse de beaucoup de regrets.
Les choses ont commencé d’une manière très naturelle, je ne comprenais rien de ce qui se passait tous les soirs dans cette chambre obscure, nos parents nous apprenaient à ne pas mystifier la nudité, erreur fatale. Je dormais donc en slip, c’est vrai, recouverte d’un drap jusqu’au niveau de la taille pour cacher mes fesses, sinon c’était impudique, je suis, enfin j’étais déjà de forme généreuse depuis mon bas âge, a 11 ans je n’avais forcément pas la même morphologie que d’autres enfants, bref, ça ne justifiera jamais ces abus.

 
Un soir, dans mon lit, pendant que je peinais à dormir, il ronflait, là haut, oui j’étais juste sous lui, sur un lit à étage. Quelques heures plus tard, je sentis quelqu’un sur mon lit, peureuse que j’étais, horrifiée par le noir, j’ai d’abord crue à un esprit maléfique, et le temps de m’en rendre compte le train était déjà en marche, un train qui ne s’arrêtera qu’après beaucoup de mois. Mon frère me caressait, emmenait sa main jusqu’à mes tétons, malgré la force que j’utilisais sans jamais le regarder dans le visage, il insistait, bien conscient de ce mal qu’il était entrain de m’infliger, quand il finissait, il redescendait plus bas, je pleurais, ne sachant pas exactement ce qui se passait, il utilisait ses doigts me les enfonçait malgré la force de mes petits muscles d’enfants, il était comme possédé, il allait jusqu’au bout et quand il finissait, il remontait calmement et moi je me réveillais d’un cauchemar qui a duré des mois. La force pour sortir ces mots je la puise de loin, de très loin. Cet exercice, cette scène salace fut mon quotidien pendant des mois, sans broncher, sans dire un mot.
Un jour, un soir, la même scène reprit avec une particularité et pas des moindres pour une fille de mon âge, cette particularité sera certainement ma délivrance, le bourreau se glissera dans mon lit ce soir, je le savais, comme si c’était une sorte de pacte qu’on avait signé et moi je devais juste obéir et me laisser aller. Quelques temps après mon sommeil, la même scène est prête à se produire

Il me faut un moment de soupire avant de continuer, à vous aussi………………………………… Breath, you’ll really need it.

Après ces éternels attouchements, qui dureront plus d’une demi heure, moi tétanisée sur mon matelas, mon grand frère s’assoupit juste à mes côtés et pour la 1ère fois, j’ose me retourner timidement, j’ose lever la tête, que je vois un liquide blanc s’échapper de sa braguette, j’avais autour de 11 ans, je ne savais pas ce qu’était du sperme, j’avais peur, je ne comprenais rien, et lui n’a fait que se lever pour repartir dormir, satisfait de sa performance, apaisé de sa jouissance, fatigué de son travail.

LE JOUR OU TOUT A BASCULE

Le lendemain, j’étais toujours traumatisée, abattue, abasourdie, le voir réellement à côté de moi avait fait naître une certaine haine en moi, malgré mon jeune âge, j’avais compris que je subissais quelque chose de mal, que j’étais à la merci d’un bourreau qui me torturait chaque nuit dès qu’il en avait l’occasion. Les parents s’étaient rendus à une fête et moi j’en profitais pour me recréer chez nos voisins, à qui j’expliquais pour la première fois à voix haute ce dont j’étais victime tous les soirs, j’étais encore plus terrifiée par leur réactions, que j’ai trouvé excessif, moi qui ne maîtrisait en réalité pas l’ampleur de la situation, ni de ce que je venais de dévoiler. Ils m’ont gardé chez eux, ils ont refusé que je remette les pieds chez moi jusqu’au retour de mes parents. Ce soir, ma vie allait changer, j’avais fait sauter la boîte à pandore, à peine mes parents arrivés, cette tatie me ramène chez moi en répétant à mes parents ce que je venais de lui dire avec une expression faciale déconcertante,

là ma mère s’effondre, je suis abattue, je viens de réaliser la gravité de la situation, moi du haut de mes 11 ans, je pensais avoir détruit la famille, je pensais avoir apporté le malheur, oubliant que la seule victime ici c’était moi.

Cette nuit là, mon père n’a pu dire mot, ma mère m’a prise avec elle, a passé la nuit avec moi sur un matelas dans le salon, vociférant toute la nuit. Le lendemain, des décisions radicales ont été prises, le silence s’est installé, des années après on déménageait, et je revoyais mon frère après près d’une année, aucune excuse, aucun remord, du moins visiblement, une boîte refermée a tout jamais. J’avais oublié tout ça, sincèrement, du fait de ne jamais en avoir entendu parler depuis ce jour là j’avais oublié cette histoire jusqu’à ce que je découvre le silence des victimes sur la toile, les rapports dans les familles concernant le viol, et que je me rappelle de cette page sombre de ma vie que j’avais longtemps refoulé.

ESSAYER DE SE REPARER

Aujourd’hui j’essai encore de me réparer, de panser mes blessures, de pardonner à mon frère, même s’il ne me l’a jamais demandé, de me pardonner et d’aller de l’avant. Mon Nom ? A quoi servira t il ?

Maintenant que vous connaissez mon histoire,

parlez de moi à travers elle,

parce ce que mon nom n’est qu’une suite de lettre 

Mon nom ? C’est justice, mon nom c’est dénonciation, 

Parce qu’un viol nous brise à jamais, peu importe sa forme, on essaie de se réparer, mais guérissons nous réellement ?

NB: Avec cette histoire, je signe là mon tout premier quotidien imaginé, ceci est l’histoire des milliers de femmes dans le monde, ceci est un rappel à l’ordre de ces abus sexuels restés impunis. 

Dave