Elle fuit l’île
Et la jeune fille se remet à gravir le vent
et à découvrir la mort de l’oiseau prophète
À présent
c’est le feu soumis
À présent
c’est la chair
la feuille
la pierre
perdus dans la source du tourment
comme le navigateur dans l’horreur de la civilisation
qui purifie la tombée de la nuit
À présent
la jeune fille trouve le masque de l’infini
et brise le mur de la poésie
*
Salvación
Se fuga la isla
Y la muchacha vuelve a escalar el viento
y a descubrir la muerte del pájaro profeta
Ahora
es el fuego sometido
Ahora
es la carne
la hoja
la piedra
perdidos en la fuente del tormento
como el navegante en el horror de la civilación
que purifica la caída de la noche
Ahora
la muchacha halla la máscara del infinito
y rompe el muro de la poesía.
***
Alejandra Pizarnik (1936–1972) – La última inocencia (1956) – La dernière innocence (Ypsilon, 2015) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet