L'histoire est classique, mais ce qu'elle prône est d'une efficacité imparable sur mon esprit optimiste. Est-ce mon idéalisme naturel ?, mais en matière d'éducation, je crois avant tout au pouvoir du conditionnement positif. Donner confiance d'abord, entrer dans l'univers de l'élève pour mieux "l'accrocher", l'encourager, voilà des verbes qui me parlent et qui me paraissent essentiels.
Autant dire que la première scène des Grands Esprits, où l'on voit Pierre Foucault, alors professeur à Henri IV, ridiculiser les élèves obtenant de mauvaises notes, m'a été insoutenable. Pourtant, le personnage évolue, grâce à son affectation dans un collège de banlieue classé REP +, où il prendra conscience du poids des mots qu'ils prononcent et comprendra que l'intelligence ne se résume pas à la seule capacité d'apprendre. Et son cheminement est intéressant.
François alias Denis Podalydès, tombe sur un "os", un certain Seydou (Abdoulaye Diallo), qui résiste à son autorité naturelle et lui en fait voir de toutes les couleurs. Après avoir sévi à coups de conseils de disciplines et de répliques assassines, il finit par comprendre qu'il participe ainsi au découragement de l'élève et à son sentiment d'exclusion. La suite, je ne vous la raconterai pas, mais en dirai seulement qu'elle est touchante sans être larmoyante du tout.
L'histoire distille avec finesse quelques principes bien connus en psychologie, comme celui de l'impuissance acquise, soit la perte de confiance due aux échecs avérés ou prétendus du passé. Des dommages causés parfois aussi par un milieu scolaire qui ne valorise pas suffisamment le potentiel particulier de chaque élève.
Raconté ainsi, le film ne paraît pas très fun, et pourtant, tout en traitant un sujet important, il reste l éger dans sa forme et même franchement drôle par moments. Les élèves, qui sont les vrais enfants du collège où a été tourné le film sont étonnants de spontanéïté et nous régalent avec des punchlines et des mimiques vraiment tordantes. Les deux petites love stories qui se greffent à l'histoire apportent encore un peu plus de fraîcheur au film, qui n'en est que plus attachant.
Après la projection, j'ai pu assister à une séance de questions-réponses avec le réalisateur qui a alors révélé s'être immergé deux ans dans ce collège de Stains, pour pouvoir y observer élèves et corps enseignant. Olivier Ayache-Vidal y était parti avec l'idée qu'il montrerait les choses telles qu'elles sont réellement, tel un documentariste. Une démarche qui explique le réalisme du film.
Un Long métrage de Olivier Ayache-Vidal
Sortie en France : 13/09/2017
Durée : 1h46