Je me lève tôt comme tous ceux qui cherchent un boulot
Je n'ai pas du tout envie qu'on me mène en bateau.
Est-ce que je manifeste ou non pour cinq euros ?
Je ne crois pas que cela suffise pour sortir sa tête de l'eau...
Mais, me dit-on, il faut ce qu'il faut, c'est la vie pour un prolo
Il faut militer avec les militants pour ne pas devenir "bobo".
Pas la peine d'être parano, pour constater que le monde est schizo
Il est divisé en deux : les héros et les salauds
Les salauds sont ceux qui trouvent des excuses pour tout vous mettre sur le dos
Les héros sont ceux qui refusent ce méli-mélo !
Nous sommes le 12 septembre... maintenant que je suis bien réveillé
J'examine la situation... qu'est-ce qu'une situation ?
C'est l'ensemble des conditions matérielles et idéologiques.
Dedans j'intègre mon état psychologique... rarement au beau fixe.
Je suis à la recherche d'un emploi en France que la France a du mal à m'offrir...
C'est plutôt banal comme souffrance.
Ou c'est moi qui me débrouille mal ou c'est l'État qui m'embrouille ?
Mais ça cafouille !
À la base comme au sommet, on nous prend pour des andouilles
Avec cette réforme du code du travail... je bafouille !
J'ai du mal à réaliser qu'on ne cherche ni plus, ni moins qu'à précariser le travail... le rendre jetable sans rien qui vaille.
On nous fait croire que la raison est matérielle alors qu'elle est idéologique.
Mais pour moi, cela revient au même.
Mon emploi va se résumer à la recherche d'un emploi !
Nous sommes le 12 septembre... je viens de boire mon café en ressassant mon passé... j'ai beaucoup de mal avec l'a-venir...
Mon présent, c'est ce couteau entre les dents, je n'ai ni beurre, ni tartines mais une réalité à me farcir !
Est-ce que je manifeste ou pas ? Seule ou avec la C.G.T , syndicat des non syndiqués ? Est-ce que je fais ou non semblant d'être au courant que l'autre abruti nous a traité de fainéants ?
Je vais faire semblant mais je ne crois pas que je puisse éviter ma part de néant.
Au fond, je n'ai pas la forme. L'État, non plus.
Ce n'est pas moi qui décide. L'État, non plus.
Je réponds à des injonctions, l'État aussi.
Il réforme pour dissimuler sa méforme, son incapacité foncière à résoudre les problèmes.
Indigne, il s'aligne sur Bruxelles en se soumettant à ses injonctions financières.
L'état des lieux, c'est son état d'esprit.
Sa matière première, c'est son idéologie. Il n'est pas libre. Il est soumis.
Pire, il est soumis parce qu'il ne se croit pas libre !
Il se réforme au lieu de se transformer...
Nous sommes le 12 septembre... je suis habillé pour l'hiver.
L'été n'est plus ce qu'il était. Le monde a changé.
Il est définitivement dérangé.
Plus de travail, plus de famille, plus de patrie mais des producteurs et des consommateurs qui rivalisent pour nous dévaliser ou nous canaliser.
La compétition est rude. Mortelle. Pour toutes les têtes de pioche, vaut mieux gagner moche que louper le coche !
Avis à tous les amateurs qui désirent rester en vie :
Il faut vaincre sans péril et triompher sans gloire pour faire partie de l'histoire.
Plus de héros, que des salauds pour gouverner un monde ingouvernable.
Macron n'est que le prototype d'un monde qui ne se reconnait plus, un monde pour tous et pour personne... qui sort manifester alors qu'il devrait tout faire péter.
Il est libre, mais est-ce qu'il le sait ?