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La boîte aux lettres du soir

Publié le 29 juin 2008 par Desiderio

Dans le bulletin de propagande de ma communauté d'agglomération, je trouve cette annonce : "trois boîtes de nouvelle génération, les "boîtes du soir", sont en service à Champignac." Cela existe dans tous les chefs-lieux de préfectures. Je trouve cette annonce particulièrement gonflée : d'abord parce que les ramassages de courrier tardifs ont été pour la quasi-totalité supprimés et leur rétablissement partiel pour trois boîtes ne constitue pas vraiment une nouveauté. En effet, l'heure de levée est de 17 heures pour toutes les destinations, de 18 heures pour la région. Soit à peu près ce qui existait auparavant pour les rares boîtes aux lettres qui acceptaient encore des horaires tardifs. La Poste fournit là exactement le même service, sans aucune amélioration, alors que les boîtes aux lettres du soir peuvent être utilisées jusque 20 heures ailleurs. Mais il y a bien mieux dans cette feuille de chou : "Accessibles aux personnes à mobilité réduite, elles offrent la possibilité..." J'ai regardé les modèles de ces nouvelles boîtes aux lettres et j'ai constaté que si une personne en fauteuil roulant n'est plus obligée de lever le bras car c'est à hauteur d'épaule dans ce cas, les ouvertures se situent quand même nettement plus haut que les boîtes murales anciennes où même un enfant en bas âge pouvait placer sa bafouille. Mais ce qui me sidère, c'est que La Poste dise que ses autres boîtes aux lettres ne sont pas accessibles à des handicapés alors qu'elles le sont ! Oui, mais il suffit de mentionner les handicapés pour sembler avoir une sorte de vocation humanitaire (je vous passerai les arguments pseudo-écolos de La Poste sur les matériaux innovants utilisés, c'est du même gloubiboulga car figurez-vous que ces boîtes résistent aussi aux intempéries ! Etonnant, non ?) En fait, on a affaire à du gros marquetingue un peu lourdingue : on présente comme une nouveauté un service que l'on a largement supprimé auparavant ; on présente l'accès aux handicapés comme une nouveauté alors qu'il était déjà présent et que cela faisait partie du cahier des charges de La Poste ; on fait également dans le pseudo-environnemental et pseudo-sécuritaire comme s'il fallait répondre à une attente jamais satisfaite; on joue sur une fausse garantie (le courrier "sera traité le jour même pour être distribué le lendemain") après avoir justement supprimé de multiples fois cette garantie et ainsi justifié des tarifs supplémentaires. Bref, après avoir organisé la pénurie et l'incurie, La Poste veut faire croire qu'elle apporte un service supplémentaire, mais seulement dans certains lieux privilégiés, alors que les fermetures se multiplient dans les campagnes et les quartiers.


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