Quand tu me baises
la main,
tu baises le ciel de minuit
et la lune lascive étale sa rondeur
et les regrets ont soudain le goût sucré
d'étoiles oblongues
qui s'allongent au creux du noir suintant
Je me pardonne alors d'inoublier
le mordillement acide du ver
dans le fruit que prisaient nos papilles
et je lape jusqu'à la dernière goutte
le souffle liquéfié de tous les halètements vains
qui te rendent hommage
quand tu me baises
la main,
je baise tous les doigts qui te ressemblent
doigts forts, droits, fiers, égarés
doigts insolents, doigts intrépides
Je baise les paumes que je pourrais habiter
comme je tu m'habites