Paris
Studio de l'ErmitageMardi 5 septembre 2017. 21h.
Manasonics est composé de
Benoît Delbecq: piano, 9V, drum'n bass station
Steve Arguelles: batterie, usine
Nicolas Becker: bruitages, sound design, objets
Le bureau de son est en mission au Studio de l'Ermitage. Solo de batterie tout en douceur aux balais pour commencer. Steve Arguelles installe une onde sur les cymbales et bords de caisses. Le piano, trafiqué électroniquement, produit des sons de cloches. Le 3e homme produit une nappe sonore de fond. Musique pour le Capitaine Nemo, celui de Jules Verne, pas le chien du couple présidentiel français. Batteur et bruitiste se maintiennent alors que le piano distille des notes, plus ou moins triturées. Nicolas Becker est debout penché sur son clavier. Mauvaises conditions de travail. D'autant plus mauvaises qu'il travaille dans la pénombre. Que fait l'inspection du travail des musiciens?
Ils produisent des blop blop aquatiques et des chants d'oiseaux. Bref, c'est l'Amazonie avec cette sensation d'enfermement que donne la forêt dense, les gouttes de pluie qui tapotent les feuilles en rythme. Ils nous jouent la Guyane. Maintenant, ils nous jouent les insectes. Nous restons dans le règne animal. Pas besoin d'une boîte à rythme avec un tel batteur. Il tient et varie en même temps.
Tiens, le piano sonne comme une kora maintenant. Parfois même, pour nous surprendre, le piano sonne comme un piano. Le trio installe une tension rythmique insoutenable. Bien joué.
Ils passent à une autre ambiance avec des chants d'appeaux à oiseaux. Batteur aux balais pour une sorte de ballade avec du piano dans le grave, méditatif et l'onde sombre de l'ordinateur. Nous replongeons avec le Nautilus. Le trio produit le bruit du ressac et le chant des cigales. Plongée en Méditerranée cette fois. C'est si impressionnant que des hommes enlacent leurs compagnes pour les rassurer. Sur cette musique pacifique s'élève le son d'un tambour de guerre aux maillets. Le sous-marin est en mission d'attaque.
Retour à l'eau douce avec un bruit de cascade. Des pas hésitants sur la terre ferme. Une espèce de parfum de Jazz s'élève. Une ballade titubante. Comme un homme ivre de fatigue qui essaie de rentrer chez lui doucement dans la lumière du soleil levant. Nous sommes passés du règne animal au milieu social. A force de chercher, ils trouvent parfois, comme en ce moment. Un spectateur croit naïvement qu'il peut applaudir mais s'arrête aussitôt. Il était seul et la musique repart dans une autre direction.
Des grosses gouttes de pluie tombent sur un toit de tôle. Retour à l'Amazonie. Barrissements d'ordinateur. C'est moins beau que l'éléphant. Steve tapote ses tambours alors que l'ordinateur produit des bruits de guerre spatiale. Un petit air de jazz latino sort du piano au milieu de cette guerre interstellaire.
" Etonnez moi, Benoît " chantait Françoise Hardy. Benoît Delbecq et ses compères mettent en oeuvre ce programme. 45mn de concert ininterrompu pour une expérience inouïe. Sortie de l'album " Manasonics " jeudi 7 septembre 2017.
PAUSE
The Recyclers est composé de
Benoît Delbecq
Steve Arguelles
Christophe " Disco " Minck : basse, n'goni, Moog Voyager.
Mon cerveau n'est plus assez éveillé pour suivre de nouvelles aventures sonores. Ma chronique cesse donc ici.