Un extrait de la partie anthologie du recueil :
Le Drap déplié
J’écris dans cette chambre
comme si tu écoutais
ma main
un village
derrière le mur
*
Le jour dans ma paume
éclairée d’oiseaux
approfondie dans un couvent de branches
par le pain
l’aile en prière sur la bouche
de qui n’est plus rien
qu’un souffle
*
Je n’ai construit avec le feu
aucun abri
que d’être passé
que d’être seul
avec le bois ramassé
qui brûle
entre mes mains.
*
le drap
plié
comme ici
le livre
ou le mot
reposé
à l’endroit du livre
*
De chaque pierre
à tailler
j’extrais le mur
son aveuglement
à chaque pas
jusqu’au soir.
*
L’auge emplie de chaux
le chemin de planches
les pierres
rien ne m’écarte du soleil
ni le plein ni le vide
dans ce peu de fraîcheur que je trouve
de poser les seaux
de les remplir
*
Je dois sur le madrier
me tenir
toucher le livre à vide
comme si ma main
en bas remontait
avec la corde
avec tout le poids
d’un mot
inaudible
*
Ne penser qu’à la lumière
d’écrire
et vivre un chemin
dans les herbes
de n’être rien
sans l’oiseau
d’aimer
Thierry Metz, in Cédric Le Penven, Thierry Metz, éditions des Vanneaux, 2017, 300 p. pp. 224 à 226.