Au moment de vous livrer mes commentaires sur ma dernière lecture, je me suis interrogée sur le sens du titre, Armadillo, dont je ne me souviens pas avoir rencontré une seule occurrence dans ce roman. Voici ce que j’ai trouvé sur le Net : Nom usuel commun au tatou et à un cloporte, capables de se rouler en boule en cas de danger.
Se rouler en boule en cas de danger, voilà bien ce qui caractérise le singulier personnage de cet excellent roman de William Boyd.
Au-delà du milieu crapuleux auquel nous initie l’auteur, l’intérêt du roman tient surtout au personnage de Lorimer pour lequel on se prend petit à petit d’affection, à mesure qu’on découvre sa sensibilité et son indécision, voire sa pusillanimité, mais aussi cette sorte de pureté que rien ne semble entamer, son besoin d’être aimé, son empathie, son amour des fleurs et des masques, ses insomnies. C’est avec tendresse et impatience qu’on le regarde faire le dos rond face à l’adversité, face à ceux (patrons, famille) qui exploitent sa bonne foi, son désir de plaire. Mais bondieu, va-t-il enfin se mettre en colère et tous les envoyer paître!
Boyd est un magicien. Un maître de la nuance, de la subtilité. Et un maître du style. Pas de giclée de sang ni de coups de feu. Juste le destin d’un jeune homme ordinaire qui se construit devant nous, par petites touches qui laissent au lecteur une part de création, d’imagination. De même pour la conclusion, dont je ne dirai rien sinon qu’elle est aussi peu spectaculaire que le récit. Une conclusion cohérente qui fait sourire par sa subtilité. Un vrai bonheur de lecture.
William Boyd, Armadillo, Éditions du Seuil, collection Points, 1998, 367 pages.