Trust Me est une nouvelle série de quatre épisodes qui a été diffusée du 8 au 29 août sur les ondes de BBC One en Angleterre. Le personnage principal est Cath Hardacre (Jodie Whittaker), une infirmière douée qui après avoir été renvoyée, décide de changer d’identité et de se faire passer pour un éminent médecin dans une autre ville. Sur le court terme, tout semble aller pour le mieux, mais qui sait combien de temps ce secret de polichinelle tiendra la route à mesure que les cas d’hospitalisations deviennent de plus en plus complexes ? Et c’est sans compter ses collègues qui cherchent à en apprendre plus sur son passé. Réflexion très intéressante sur le concept de confiance, le rythme de Trust Me roule à un train d’enfer, mais arrive un peu trop vite à destination, laquelle s’apparente davantage à un simple arrêt plutôt qu’une finalité. À elle seule, la nouveauté de BBC montre les correctifs à apporter dans le modèle anglais sériel.
Confiance à géométrie variable
Son ex-mari Karl (Blake Harrison) étant peu fiable, Cath doit absolument se trouver un autre emploi, ne serait-ce que pour subvenir aux besoins de leur fillette Molly (Summer Mason). Justement, elle tombe par hasard sur le C.V. de sa meilleure amie Alison Sutton (Andrea Lowe), un médecin hors pair qui a pris sa retraite alors qu’elle a à peine atteint la quarantaine. Puisqu’elle prévoit tout quitter pour la Nouvelle-Zélande, Cath décide donc d’usurper son identité et avec ses excellentes (fausses) qualifications, elle se trouve sans problème un emploi dans un hôpital d’Édimbourg. Elle gagne rapidement la confiance de ses collègues, en particulier de sa patronne Brigitte Rayne (Sharon Small) et du docteur Andy Brenner (Emun Elliott) avec qui elle aura une liaison éventuellement. C’est d’ailleurs lui qui sera le premier à découvrir le pot aux roses, mais amoureux, il décide de jouer dans son film. Pourtant, suite à une erreur médicale de Brigitte lors d’une opération d’urgence, Cath se retrouve sous le radar et c’est sans compter sur Karl qui revient dans le portrait.
S’il y a un aspect qui nous séduit dans Trust Me, c’est bel et bien la réflexion sur cette notion de confiance justement. En effet, c’est Cath/Alison qui porte dès le départ ce flambeau de l’ambiguïté puisque l’on ne sait quoi ressentir à son égard. Qu’elle soit bonne ou méchante, l’on a tendance à naturellement prendre parti pour elle. Ainsi, lorsque nous regardons une série comme Bates Motel par exemple, on ne peut s’empêcher d’espérer que Norman, malgré ses crimes odieux, ne se fera pas pincer par la police. Dans le cas de la nouveauté de BBC One, on souhaite la même chose à Cath puisque si l’on découvre la vérité, elle qui tient d’abord et avant tout à soigner des patients ne risque rien de moins que la prison pour usurpation d’identité. Et c’est sans compter qu’elle perdrait de surcroît la garde de sa fille.
En même temps, on ne sait pas du tout sur quel pied danser avec elle puisqu’il y a un certain écart entre ce qu’elle confie aux autres et la réalité. Le premier exemple concerne son ex-mari Karl. Au personnel hospitalier qui l’entoure, elle clame qu’il a été violent envers elle alors que le principal intéressé, interrogé par un ami, nie tout en bloc. Et malgré une certaine irresponsabilité dont il a fait preuve, reste qu’il chérit Molly qui le lui rend bien. Le deuxième exemple concerne la version qu’elle donne concernant son renvoi. À Andy, elle affirme qu’elle a un peu trop rué dans les brancards à propos de la rigidité des règles à son ancien hôpital et que c’est son franc-parler qui lui a attiré des ennuis. Or, dans le premier épisode, on lui montre (temporairement) la porte en raison des nombreuses plaintes de ses collègues, notamment pour intimidation. Qui croire dans tout ça ? Là est la question.
Enfin, on ne peut passer sous silence les risques qu’encourent ses patients s’ils sont soignés par elle puisque rien de moins que leur vie et leur santé en général en dépend. Le meilleur exemple survient au quatrième épisode alors qu’elle minimise par erreur la condition physique de son ancienne propriétaire Mona (Cara Kelly) qui vient d’être hospitalisée et qu’elle affectionne particulièrement.
Un modèle anglais à revoir (**divulgâcheurs)
Par un retournement de situation, lors de la finale Cath se voit offrir une importante promotion dans le même hôpital d’Édimbourg qu’elle s’empresse d’accepter. Or, tout au long de la série, le degré de culpabilité de la principale intéressée monte en flèche pour atteindre ce que l’on pourrait considérer comme un non-retour. La conclusion est confuse d’abord pour le téléspectateur parce que l’on ne sait si l’on doit se réjouir ou non d’une telle nomination ; ce qui n’est pas plus mal. À l’opposé, le sort réservé à Karl et la réaction de son entourage est largement balayée sous le tapis, comme si l’on manquait de temps. C’est là qu’entre en scène le modèle à la fois efficace et frustrant des chaînes généralistes anglaises : BBC, ITV, Channel 4 : la majorité de leurs fictions comptent tout au plus six épisodes. Le bon côté est qu’on a droit à des histoires compactes d’excellentes qualité, mais étonnamment l’envers de la médaille est justement quand ces séries rencontrent un peu trop leur public. C’est qu’à la base, ces chaînes tiennent pour acquis que ces fictions se cloront après une seule saison et elles ont toujours l’air décontenancées lorsque l’auditoire en demande davantage. Par exemple, il aura fallu attendre deux ans pour pouvoir se délecter d’une suite de Doctor Foster, Happy Valley ou Broadchurch pour ne nommer que celles-là. Pour en revenir à Trust Me, la finale est tellement abrupte, à la limite du crédible que soit on ressort de notre expérience quelque peu déçu, soit on se croise les doigts en espérant une seconde saison. Justement, le réalisateur Dan Sefton ne semble pas fermer complètement la porte à cette option. Par contre, son actrice principale Jodie Whittaker sera très prise au cours des mois qui suivront alors qu’elle sera la première femme à incarner le célèbre « Doctor Who » attendue prochainement aux fêtes sur BBC.
Quoi qu’il en soit, Trust Me a connu un départ canon avec un auditoire de 6,22 millions de téléspectateurs, se classant au troisième rang des émissions les plus regardées de la chaîne dans la semaine sur 7 au 13 août. Au troisième épisode, les chiffres se maintenaient admirablement à 5,84 millions de téléspectateurs, se classant cette fois au septième rang en termes de popularité.
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