Dans son fonctionnement, le programme de « FUEL・D », concocté par la banque en collaboration avec le spécialiste local Stone & Chalk, est résolument classique. D'une durée de 3 mois, il comprendra hébergement (à Sydney), financement d'amorçage, mise à disposition gratuite d'un ensemble de ressources techniques (dont les infrastructures en cloud AWS d'Amazon, qui en est un autre partenaire), mentorat assuré par un panel d'experts issus d'horizons variés et accès privilégié à une riche base de prospects.
La véritable particularité de l'accélérateur réside donc dans la mission spécifique qu'il se donne et dans les moyens mis en œuvre pour la rendre possible. Visant les jeunes pousses désireuses de créer (ou améliorer) une solution destinée à résoudre des problématiques tangibles grâce à l'exploitation et l'analyse d'information, il est associé à la plate-forme d'échange de données Data Republic dont le catalogue est complété pour l'occasion (en exclusivité) par une partie du patrimoine de Westpac.
Au-delà d'une promesse de diversité, d'étendue et de profondeur de sa contribution, la banque ne fournit toutefois aucun détail sur les jeux de données qu'elle proposera aux participants. Ce qu'on sait à ce stade est qu'ils prendront la forme d'agrégats, probablement de manière à éviter toute question relative à la protection de la vie privée et écarter, autant que possible, le danger de réactions négatives parmi les clients.
Autre sujet soigneusement passé sous silence à ce stade, le modèle économique cible. En effet, sauf à être totalement naïf, il faut supposer que Westpac veut, à terme, tirer des bénéfices matériels de l'ouverture de ses données, sous une forme ou une autre. Peut-être la gratuité de l'accès garantie pendant le programme d'accélération se prolongera-t-elle, en contrepartie d'une prise de participation au capital (qui serait cohérente avec le financement apporté aux startups accueillies) ? Peut-être une approche purement commerciale des données pourra-t-elle émerger ultérieurement ? À suivre…
Les institutions financières qui cherchent à exploiter le trésor de données qui dort dans leurs centres informatiques sont confrontées à des décisions difficiles. En effet, pour profiter de cette opportunité et trouver ainsi de nouvelles sources de revenus, elles savent qu'il leur faudra collaborer avec des acteurs externes, ce qui est généralement contraire à leur culture historique. Aux côtés des portails d'API (tels que celui de BBVA) ou des concours et autres « datathons » éphémères, la création d'un accélérateur dédié constitue une excellente idée pour acclimater la banque à cette nouvelle réalité.