Alors que l'été se termine et qu'arrive les jours pluvieux et frais, les jours gris et mélancolique, le Canada est là pour nous rappeler que l'été indien arrivera bientôt. " Antisocialites ", le second album du quintette de Toronto, est une ode aux rêves et à la musique pop. Sortie en cette première semaine de septembre, il se pourrait bien qu'il nous accompagne jusqu'aux premières neiges, tant les mélodies et la voix de la chanteuse Molly Rankin nous emportent dans un univers mi-mélancolique, mi-bubble gum.
Alvvays redore le blason canadien
En juillet 2014, Alvvays avait publié un premier opus qui, disons-le, était resté assez discret en France. Certes Alvvays est un groupe de niche. Certes ils sont aussi plus américains dans l'âme que francophone. Mais qu'importe ! Regarde la carrière de Tegan and Sara ou Metric au début des années 2000. Bien que peu connus à leur début, ces groupes mi-pop mi-rock, mi-indépendant mi-major, ont su au fil des albums agrandir leur cercle de fans et devenir des groupes phares sur la scène nord-américaine.
Alvvays est encore loin du statut de ces groupes pré-cités. Mais, avec une sortie moins confidentielle, Molly Rankin et ces compagnons de scène Kerri MacLellan (Claviers), Alec O'Hanley (Guitare), Brian Murphy (Basse), Sheridan Riley (Batterie) pourraient permettre au groupe d'émerger un peu plus en Europe. Et surtout, à l'heure d'un retour des Britanniques, Belle and Sebastien, " Antisocialites " pourrait faire renaître notre amour pour la dreampop anglophone, que s'était accaparé depuis une dizaine d'années les pays nordiques comme l'Islande (avec Vök, JFDR, Pascal Pinon, Sóley, Sin Fang) ou la Suède (avec Jonathan Johansson, Nina Kinert, ou Pale Honey).
Ni trop glacial, ni trop chaud, Antisocialites n'a rien d'un album pour personne asociale. Entre indie-rock et pop mélancolique, Alvvays arrive parfaitement à naviguer entre ces deux styles musicaux. Quelquefois, nous sommes en plein L.A, où un soleil orange se faufile entre les palmiers de Venice Beach, parfois nous sommes sur les hauteurs des montagnes du Sierra Nevada, en train d'observer la beauté de la nature et surtout son silence. Quoi qu'il en soit, cet album nous donne une sensation d'être un protagoniste de la série The L Word. Un album multicolore et multigenre.
Antisocialites, un album pour " Dream Tonite "
Souvent, lorsque nous écoutons un album, nous repensons à tous ceux que nous avons précédemment écoutés et attribuons des influences (souvent à défaut) à des groupes. Tel est le cas, pour ma part, avec ce Antisocialites d'Alvvays. Le rock de " Plimsoll Punks ", " Your Type " " Hey ", " Lollipop (Ode To Jim ", nous remémore autant le groupe de Liverpool, Ladytron, que les Canadiennes, Tegan and Sara ou The Organ. Toujours côté rock, on notera les riffs de guitare sur " Saved Bu A Waif ", qui rappelle ceux du " Reptilia " des Strokes. Guitare, batterie, basse puissantes tout comme la voix de Molly Rankin, Alvvays sait aussi se la jouer douceur et mélancolie. La preuve en est avec ce magnifique single publié au mois d'août, " Dreams Tonite ". Dans la même veine, batterie en retrait, guitare mélodieuse et voix enneigée, on écoutera par deux fois " Not My Baby ", " Already Gone " et " Forget About Life ", vraie ode à l'évasion, clôturant magnifiquement ce nouvel album.
Underneath this flickering light, did you want to forget about life with me tonight?
Avec son second album, Alvvays confirme que le Canada est un pays de dreamrock. Et alors que l'été indien est encore loin, Antisocialites nous permettra de l'attendre sereinement. Et si un coup de blues arrive d'ici-là, libre à nous de choisir la partie rock ou dreampop afin de nous redonner le sourire !
► Antisocialites, le second album d'Alvvays, sortira le 8 septembre, chez Pias.► En concert le 11 septembre 2017, au Point Ephemere, Paris.
À LIRE AUSSI >> " Dreams Tonite ", le single dreampop made in Canada