C'était à la fin de l'année 2015. Je découvrais le tout premier album de Nothing But Thieves, jeune groupe anglais, petits frères de Muse. Assez fourre-tout, cet album contenait autant de titres addictifs que de touchantes ballades, portées par le timbre de voix distinctif de Conor Mason, le frontman de la formation.
Après le 13-Novembre, c'est grâce à eux que je retournais dans une salle de concert, dans l'assez lugubre Pop-Up du Label où les cinq garçons avaient décidé de se produire, malgré les innombrables annulations qui ont suivi les attentats. Ça faisait du bien d'écouter un rock accessible, dynamite et décomplexé, comme le font si bien les Anglo-Saxons. Quelques mois plus tard, Muse leur proposait des premières parties sur leur Drones Tour. Posey.
Une (unbroken) machine bien huilée
Nothing But Thieves a ensuite continuer à défendre leur premier album, et les cinq Anglais ne sont plus des inconnus en Europe, territoire qu'ils ont largement quadrillé ces deux dernières années. Du Pop-Up au Cabaret Sauvage, leur ascension française est difficilement niable. Pour leur retour parisien, les Nothing But Thieves reviennent les valises pleines. Produit par Mike Crossey (Arctic Monkeys, Foals, Jake Bugg, The Kooks...), Broken Machine est un album soigné et efficace, dans la lignée du premier. La première moitié dépote, la seconde propose des titres plus lents et des ballades plus passionnées.
Ça commence avec " I Was Just A Kid ", chanson d'ouverture au rythme effréné et batterie métronomique. " You gave me something to believe in " chante Conor Mason de son timbre lyrique et puissant. Suivent les très bons singles " Amsterdam " et " Sorry ", puis " Broken Machine " chanson éponyme de l'album, que le groupe a présentée en version acoustique. Celle que je trouve la plus terne, si tu te demandes. Enfin, " I "m Not Made By Design " a elle aussi été mise en ligne par le groupe. Un gros riff de guitare à la Buffy contre les Vampires et une chanson qu'on verrait sans peine intégrer la B.O. de films dystopiques. Tout ça est très bon.
Détonations et désillusions
La grosse surprise vient de " Live Like Animals ", titre incisif de plus de 4 minutes. " We get our truth from the Daily Mail, it's madness, get used to it (...) we're gonna live like animals, it's madness, it's gone to shit (...) so wake up, this ain't a dream, everything is exactly how it seems ". Les refrains de guitares ultra saturées me font penser à un réveil détraqué sur lequel le groupe entonne " So wake up! " . C'est brut, et ça envoie.
On retient " Hell, Yeah " jolie ballade radioheadienne dans laquelle une guitare acoustique fait son apparition. " Particles " a son charme également : une basse syncopée bien pesante, et un refrain avec petite montée chromatique qui fait frissonner. Dessus, un mea culpa amoureux : " Babe, I don't want to make a scene, but I get self-destructive and it's driving you away, piece by piece, day by day ". Dans la même veine mélancolique de la fin d'album, " Afterlife ", sa ligne de guitare et son refrain très Showbiz ien qui vient clore ce nouveau cycle de 11 chansons. Le tout est fort séduisant, et la production nickel nous rappelle combien les Anglais maîtrisent leur sujet.
► Broken Machine, sortie le 7 septembre 2017 (SONY/RCA). En concert le 9 décembre au Cabaret Sauvage.
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