A La Maison Rouge (qui fermera malheureusement ses portes dans quelques temps….), 10 Bd de la Bastille, Paris, expo « Inextricabilia », jusqu’au 17 septembre. Mercredi à dimanche. 11-19h.
Une fois n’est pas coutume, je vais m’adresser à quelqu’un, aujourd’hui, dans mon blog. M’adresser à monsieur Philippe Dagen, critique d’art au journal Le Monde. Que je lis toujours avec intérêt et admiration.
http://www.lemonde.fr/arts/article/2017/09/01/la-maison-rouge-joue-a-marabout-bout-de-ficelle_5179731_1655012.html
Monsieur, votre papier sur l’exposition « Inextricabilia » de La Maison Rouge, à Paris, m’a glacée. Cette froideur intellectuelle. Inébranlable. Mon Dieu! Alors que tout, ici, parle de malaises profonds et d’appels angoissés. De croyances à des forces supérieures et invisibles, qui serviraient de bouées de sauvetage. De vies compliquées, avec des recherches interminables pour les expliquer et, peut-être, pour mieux les supporter. Qu’on soit artiste plasticien, malade psychiatrique, prêtre ou simple croyant (tribus africaines ou religions occidentales), ici, on est poussé à ficeler, tisser, enrouler, plier, attacher, nouer, emmêler, enchevêtrer… Pourquoi? Chacun sa raison. Chacun son besoin. Vous vous demandez, monsieur Dagen, si le terme « magique » (sous-titre de l’exposition) est bien adapté. Mais oui! Bien sûr! Tous ces gens qui disent, disent, disent et redisent, à leur façon, avec bouts de tissus, fils de laine, cheveux, fibres végétales ou languettes de papier, tentent de capter, quelque que soit la finalité de leur geste, une force indicible et inconnue. Tous, sans le savoir vraiment, sont en quête de quelque chose qui les dépasse et qui pourrait modifier la réalité. Et leur faire du bien.
Oui, monsieur, des objets fabriqués aux 4 coins du monde et du temps, sont ici rapprochés, juxtaposés, confrontés…C’est le but de cette expo. Vous dites qu’il y a confusion et que ce « confusionisme est « peu réfléchi » et « erroné ».
Non. Amulettes, reliques, ex-voto et talismans peuvent fort bien voisiner avec les oeuvres de Michel Nedjar, Annette Messager et Louise Bourgeois. Ces artistes travaillent à partir de références issues de leur culture. Oui. Eh bien, voilà que les références sont présentes! Concrètes! Et on ne compte plus les plasticiens qui créent avec le matériau textile. Ils pourraient bien être frères de Judith Scott (créatrice d’Art Brut américaine)… Tout se tient. Tout est lié (c’est le cas de le dire!). Pas ou peu de frontières entre tout ça. Derrière, il y a l’humain qui se pose des questions et s’ingénie à trouver des réponses. Aucun racisme, aucune exclusion: chacun a sa place. Et ne pas négliger aussi la plastique de tous ces objets exposés. C’est beau, souvent. Tout simplement beau. Beau, sans doute parce que, justement, il y n’a pas d’intention esthétique (mais bien autre chose).Je suis sortie de cette « Inextricabilia » troublée et presque ensorcelée. C’est fort. Très fort. (On aurait pu bien sûr ajouter à cette expo beaucoup d’autres artistes qui seraient dans le thème…Mais c’est suffisant)
Pardon monsieur Dagen de vous avoir contredit… Respect.
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