Petite réaction à
l’annonce par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal que
« la plate-forme APB, telle que nous la connaissons, ce sera
effectivement terminé l’an prochain. »
Pauvre APB parfait bouc émissaire des insuffisances et des incohérences de
notre système d’enseignement supérieur.
APB est coupable de ne pas avoir pu attribuer à chacun une formation
correspondant à ses vœux. Fin aout, 6 000 ex futurs étudiants seraient encore
sur le carreau, à mort APB !
Réaction révélatrice de notre incapacité à nous poser les véritables questions
quand elles sont génantes !
APB n’a qu’un bête rôle d'intermédiaire pour faire se rencontrer des
demandes de formation et des offres de formation.
En quoi est-il responsable du fait que globalement il manque des places en
Université ?
En quoi est-il responsable du fait que l’on pousse des jeunes vers
l’enseignement supérieur alors qu’ils seraient mieux dans des filières courtes
et plus opérationnelles ?
En quoi est-il responsable du fait que certaines filières sont trop
demandées alors que d’autres sont délaissées ?
En quoi est-il responsable du fait d’une mauvaise orientation ou d’une
motivation insuffisante, près de 60% des étudiants échouent et 30% d’entre eux
sortent de l’enseignement supérieur dès la première année. Et que ceux-là ont
potentiellement pris la place d’autres qui auraient pu y réussir ?
En quoi APB est-il responsable du fait que l’on préfère admettre des
étudiants par tirage au sort plutôt que sur des critères objectifs sous
prétexte que ce serait, oh abomination, faire de la « sélection »
!
Sortir d’APB c’est casser le thermomètre pour ne pas voir qu'on a de la
fièvre !
Car soigner la fièvre, ce serait dire clairement que la collectivité qui
finance les formations supérieures doit pouvoir s’assurer que ceux qui
prétendent en profiter sont à la fois motivés et aptes à les suivre.
En un mot cela signifie sélection à l’entrée !
Soigner la fièvre c’est également expliquer aux jeunes futurs étudiants
qu’il n’est peut-être pas judicieux ni pour eux ni pour le pays qu’ils
s’engouffrent en masse dans des filières qui ne leur proposeront que peu de
débouchés.
En 2015, 55 % des « premiers vœux » exprimés par les futurs
bacheliers sur le portail APB se sont concentrés sur quatre filières :
droit, sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps),
psychologie, et première année commune aux études de santé (Paces). Est-ce
normal que tant de jeunes prétendent à suivre des études de psychologie ou
d’EPS (c’est STAPS en moins pompeux) ?
Ce sont ces mêmes jeunes qui avec ceux qui auront fait sociologie ou
histoire de l’art, viendront ensuite se plaindre véhémentement que la société
ne leur propose pas le travail correspondant à leur qualification !
Toujours parce que ces études sont en très grande partie financées par la
collectivité, celle-ci a le droit sinon le devoir de privilégier les formations
correspondant à ce dont le pays a ou aura besoin et en conséquence d’imposer un
numérus clausus pour celles qui n’entrent pas dans ce cadre. Bien évidemment,
qui dit numerus clausus dit sélection.
En résumé notre problème ce n’est évidemment pas APB mais l’absence d’une
véritable stratégie de formation au niveau national avec la politique
d’orientation qui va avec, c'est-à-dire plus présente et surtout plus
directive. C’est aussi l’absence de courage politique face aux syndicats
étudiants pour imposer une sélection à l’entrée des filières les plus
tendues.
APB A Bon Dos