« Après 32 ans, ces femmes ont enfin récupéré la dépouille de leur père. »

Publié le 07 septembre 2017 par Frédéric Joli

Aujourd’hui, Angela Ponce Romero reçoit le Visa d’Or Humanitaire du CICR pour son reportage Ayacucho, dans le cadre du festival international de photojournalisme Visa pour l’Image se déroulant jusqu’au 17 septembre à Perpignan.

Pendant 4 ans, cette jeune photojournaliste de 23 ans s’est rendue dans les villages d’Ayacucho au Pérou à la rencontre des familles des personnes disparus lors du conflit entre le groupe armé du Sentier Lumineux et les forces militaires du pays ; un conflit qui dura 20 ans. Un projet autofinancé, dans une région difficile d’accès (il lui fallait 2 jours pour accéder à Ayacucho depuis Lima) où elle s’est immergée dans le quotidien des veuves et orphelins qui ont perdu leurs proches des dizaines d’années plus tôt. Aujourd’hui encore, ces familles sont à la recherche de justice et de la vérité sur le sort de leurs proches.

Lorsqu’on lui demande l’histoire de cette photo montrant trois femmes devant un cercueil contenant des restes humains, elle répond simplement : « Après 32 ans, ces femmes enfin récupéré la dépouille de leur père. »

Quand on demande à Angela si elle souhaite continuer à exercer ce métier d’une façon militante, elle répond sans hésiter qu’elle continuera à se concentrer sur des problématiques humaines et humanitaires, « raconter ces histoires, montrer ces photos, comme au Pérou, où ces femmes sont ignorées ».

« À chaque fois que je me rends dans les villages d’Ayacucho, je découvre de nouvelles histoires », Angela Ponce Romero

Angela Ponce Romero est donc la 7ème lauréate du Visa d’Or Humanitaire du CICR, en plus du prix, elle recevra une récompense de 8 000 euros. Ce prix récompense le travail d’un photojournaliste touchant à des problématiques humanitaires : les disparus, la mission médicale, les femmes dans la guerre, etc.

Rendez-vous ce soir pour la remise du prix, aux environs de 22h à Perpignan.

Ayacucho est exposé au Palais des Corts, siège de la Croix-Rouge départementale,  à Perpignan, jusqu’au 17 septembre 2017.


Vu à Visa

Au festival Visa pour l’Image, nous avons aussi eu la chance de voir l’exposition de Samuel Bollendorff devant le Palais des Congrès, centre névralgique du festival, à Perpignan.

Avec le parti pris de parler de la migration sans montrer de migrant, de parler souffrance sans personnage, il dévoile sous son objectif des montagnes de gilets de sauvetage abandonnés, des abris où les migrants passaient leurs nuits. Sur l’une d’elle, on y voit le cimetière pour migrants de Lesbos où sur les tombes n’est écrit que la date estimée du décès et la mention « Pas de nom ».

Au nouveau cimetière pour migrants à Lesbos en Grèce, de nombreuses tombes sont anonymes. Le CICR aide les autorités à assurer qu’ils puissent être enterrés dignement et puissent un jour être identifiés.

Exposition de Samuel Bollendorff devant le Palais des congrès à Perpignan.