Tenue à l'écart de l'Euro, Lausanne se rattrape avec le baby-foot !
La ville de Lausanne, déçue de ne pas figurer parmi les hôtes de l'Euro 2008 de football organisé en Autriche et en Suisse, se rattrape avec une exposition décalée sur le baby-foot, qui donne lieu à un concours d'imagination débridée entre artistes.
Les rues de la cité helvétique accueillent 22 tables de baby-foot transformées par les soins d'autant d'artistes qui n'ont pas hésité à brocarder certains penchants du "vrai" football.
Evoquant l'aspect mercantile du jeu, Anne Blanchet a ainsi remplacé les petits joueurs par des répliques de billets de banque dont la valeur en francs suisses et l'épaisseur varie en fonction du "prix" du footballeur sur le marché.
Mais le joueur le plus cher n'est pas forcément le meilleur: si son coup de pied est plus ferme, il n'est pas pour autant capable d'assurer des moulinets à 360 degrés comme ses équipiers plus fins...
L'exposition a été organisée par la mairie et les commerçants de la ville, à la suite d'un courrier des lecteurs dénonçant dans la presse locale le manque d'événements culturels pour accompagner l'Euro 2008 dans les villes de Bâle, Berne, Genève et Zurich.
"Nous avons cherché un vecteur, quelque chose qui soit le plus petit dénominateur commun regroupant le football, les gens et la ville", explique l'architecte Gaël Ginggen, concepteur de l'exposition. "On est arrivés assez rapidement au baby-foot, un dénominateur commun qui est suffisamment petit et intéressant".
Le cahier des charges des artistes était simple: liberté totale dans la transformation de la table, qui doit cependant pouvoir rester interactive, c'est-à-dire utilisable par les visiteurs.
Avec une oeuvre baptisée "Xilo", comme dans "xylophone", Sibylle Stoeckli a mis du son dans son baby-foot, remplaçant les joueurs par des plaques de métal qui sonnent en touchant le ballon. L'une des équipes est faite de métal mat, l'autre de métal brillant, et le "ting" n'est pas le même de part et d'autre de la ligne de milieu de terrain.
François Kohler a lui aussi sonorisé son oeuvre. Sa table retentit de la clameur des spectacteurs a chaque fois qu'une des équipes fait avancer le ballon.
Mais l'interactivité a son prix et a coûté cher au collectif d'artistes Blakam, qui avait présenté une table abimée comme par un bombardement, avec des débris laissés sur le terrain.
Les nettoyeurs municipaux ont commencé par enlever les débris, qui faisaient par trop désordre dans un pays réputé pour sa propreté. Ensuite, la table a été réduite en morceaux par un jeune homme qui a expliqué n'avoir fait que suivre les instructions des artistes. La table portait en effet la mention "Coupe, perce, troue, tape, frappe, plaque, lame."
Une des tables, placée à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), une école d'ingénieurs très réputée, est un chef d'oeuvre de mécanique, car les manettes font tourner les joueurs en sens inverse du coup de poignet.
"Cette table est très populaire auprès des étudiants de l'EPFL qui cherchent à comprendre comment elle marche", rapporte M. Ginggen.
Les tables seront vendues après la fin de l'exposition le 15 juillet.
Hui Min NEO
AFP