Deux sonnets de Christine de Rosay

Par Etcetera

Ce livre m’a été prêté par un ami, et sa diffusion est probablement assez confidentielle. C’est en tout cas un poète dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, et un éditeur (éditions du Tétragramme) qui m’est totalement inconnu.
On apprend en quatrième de couverture que Christine de Rosay est le pseudonyme de Jean-Marc Thevenin, né(e) en 1958, résidant à Troyes, et passionné(e) de voyages, auteur déjà d’une dizaine d’ouvrages de poésie.
Ce recueil s’appelle Les sonnets de Phnom Penh suivi de Les secrets de l’acide, imprimé en 2016.

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Attendre encore

Ils sont à l’hôpital et rêvent de santé
De sablier cassé la cigarette est bonne
Et les bouteilles d’eau ne serais-je que conne
Ils sont dans l’entrepôt la lumière du thé.

Souviens-toi d’exister partout c’est volonté
Hormis mon cœur crevé il n’y a rien qui sonne
Oublie chaussure usée si l’attente est consonne
Contre les alizés la nuit l’étrangeté.

Tomber dans le cynisme et le taire aux déesses
De ce ciel gris-bleuté c’est toujours la tristesse
Dans ma chambre d’hôtel à poings fermés la nuit.

Les avions au-dessus les cargos se faufilent
Des assiettes emplies les fossiles des fruits
L’appétit grand ouvert chaque journée qui file

Dans la chambre d’hôtel décor années quarante.

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Les cheveux roses

Suis pas un gargotier, je cuisine syntaxe
Et, mes cuisses serrées et les sombres en bas
Suis pas un aliéné cependant on me taxe
Dans cet aéroport climatisé ou pas.

J’ai faim dans le métro juste boire à la vasque
Pour écrire un sonnet dans le temps tu lapas
Pour me faire du plat, la France avec ses taxes
Troyes s’approche de moi sa tronche de trépas.

Mon corps est douloureux, la jungle est épatante
Tout est plein d’ironie et la rime apaisante
L’habitude d’errer et la suie que je suis.

Mais le temps se déguste et le pis sera cuit
La spirale du temps est l’immobile appui
Il me faudra du fric, mes dettes d’andropause.

Qui s’écroule dans moi, je rêve cheveux roses.

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