Sex & the City : the Movie *
On a beau vouloir adorer, se réjouir dès les premières minutes du film et croire dur comme fer que l’esprit de la série sera intact pendant ces deux heures de grand entertainment, il est difficile d’être totalement convaincu tant le film manque de spiritualité, de rythme et regorge d’afféteries féminines presque risibles.
Carrie, la sociologue du sexe n’a pas évolué, pire, elle s’est muée en fashionista aux réflexions creuses, plus crédule et irritante que fétichiste et éclatante ; pour ses copines, leurs intrigues sous vitaminées expédiées étant du niveau d’un bon nanar, il vaut mieux oublier. Seule Samantha est le point positif du film, -presque- aussi cynique et délurée que celle que l’on a fréquentée pendant six ans, fidèle à elle-même, Sam évite toute évolution douteuse et conserve finalement son esprit de femme libidineuse et indépendante.
Le film n’est rien d’autre qu’une version cellophanée, sans éclat et aseptisée de la série, un produit grand public, gentiment sage et mal construit, une minauderie grandeur nature prévisible et interminable, une adaptation plutôt facile et finalement creuse d’une œuvre culte.
Dénué de mystère et d’idées, aux plans dépourvus d’imaginations (mais Michael Patrick King est peut-être un très bon producteur, sisi !) linéaire, paresseux, et sans saveur, le film n’est qu’une transposition commercialo-inutile d’une série libératrice et générationnelle, reconnue pour avoir crée de nouveaux personnages féminins, - la femme moderne indépendante et affranchie, capable d’inventer ses propres codes - et permis l’avènement d’un nouvel ordre amoureux tout en assumant sa superficialité et son maniérisme.
Dans le film, collants paillettes, dressings haute couture presque indécents et rendez vous mondains vides d’existentialisme sont rois, ces quatre new yorkaises upper-class anciennement pétillante, cynique ou angélique sont devenues des archétypes de la femme Glamour par excellence, fade, superficielle, en quête de bague au doigt et de sacs à main Prada, de reconnaissance ultime et de flatteries.
Parlé coquin, esprit d’émancipation et ton guilleret ont cédé leur place à des dialogues creux d’un consensuel mou, à un élitisme social plus puant que jamais et à cette idée inepte selon laquelle « le mariage reste la consécration, même pour moi. ».
Finalement, il vaut mieux garder en mémoire les quelques 93 épisodes de la série plutôt que ce produit plus clinquant et doucereux qu’osé et jubilatoire, ou alors …, c’est tout un mythe qui s’effondre.
La Soledad ****
Subtilement, progressivement, sans maniérisme, la Soledad frappe d’un coup fort et pose un regard muet aussi juste que touchant sur la solitude, la souffrance et l’épreuve du deuil. Artistiquement quasi-révolutionnaire, plans fixes et polyvision, la Soledad est une expérience inédite, une initiative louable brillamment maîtrisée. Par sa simplicité et sa sobriété bouleversantes, la Soledad emporte et passionne, telle une méditation, un instant de vie élégant, déchirant, toujours mesuré, absorbant toute idée de pragmatisme au sens trivial pour se confondre dans une réalité humaine, compréhensive, vulnérable, faite de douleurs et d’espoirs. Loin des grandes tragédies éculées au propos prolixe, empreint d’un souffle pudique, la Soledad est un film humble et intense sur l’existence et le non-renoncement.
What Happens in Vegas ***
De l’humour bête et grinçant, une mise en scène enlevée, un ton parfois grivois, parfois incisif, un couple d’acteurs épilé à la perfection mais avouons-le, convaincant, un schéma narratif classique, inusable et truffé de surprises inattendues, cette comédie romantique qui louche davantage du côté de la comédie loufoque patapouf tient toutes ses promesses et s’avère être un divertissement honnête, réussi et efficace devant lequel on rit à gorge déployée (si l’on n'est pas bien finaud comme moi, cela va sans dire).
The Happening *
Malgré un concept prometteur et un début d’une poésie morbide puissante, à couper le souffle, The Happening pèche par manque évident d’audace et en vient à gâcher tout son substrat à travers une réalisation paresseuse linéaire et un duo d’acteurs qui visiblement y croit autant que nous (le poncif « j’écarquille, donc je suis », Zooey, tu me déçois).
Le film préfère développer une fable morale écolo-altermondialiste de bas étage (à la fois fumiste et complaisante) plutôt que de donner de l’épaisseur à son mystère, c’est alors toute la légitimité du sujet qui part en fumée, tout comme notre grande indulgence. Finalement, The Happening est le signe d’une volonté peu à peu émoussée voire d’une résignation manifeste de la part d’un Shyamalan usé, décidément bien en mal d’inspiration.
Un Conte de Noël ****
Gorgée d’humour noire et d’ironie teintée d’amertume, Un Conte de Noël est une création de premier choix qui aborde cruellement la mort pour exalter la vie dans sa forme la plus majestueuse. Desplechin filme avec beaucoup de coeur cette fratrie dysfonctionnelle tyrannique, finalement aimante de manière volubile, nuancée ou tout en non-dits, cette réalisation grâce à un style incisif et dense que l’on connaît du prodige permet l’avènement d’un film au concept nouveau, d’une construction cinématographique sui generis : une chorégraphie humaine chaleureuse et universelle doublée d’un carnage intellectuel vivifiant particulièrement jubilatoire.
Ploy **
Un visuel chiadé pour un univers résolument hypnotique et fantasmagorique, Ploy est ce genre de films oniriques et envoûtants que l’on ne conçoit qu’en abstraction. A force de jouer la carte poético-libertine et de s’assujettir aux limites charnelles inhérentes à son sujet, Ploy délaisse son couple en crise et fait de son huit clos amoureux un simple décor, une rêverie passagère sous exploitée, loin du drame remuant et intimiste qui s’amorçait. Ploy n’est finalement qu’une forme épurée, une esthétique tirée au cordeau sans grand fond, sans idée et sans portée.