Il n'est même pas nécessaire d'aller chercher des liens pour citer les diatribes de Nicolas Sarkozy et/ou François Fillon contre les trente-cinq heures. Je suis en train de lire la contribution de la Nouvelle gauche alors prenons leurs exemples :
"Les Français travaillent moins que leurs voisins" affirment François Fillon et Nicolas Sarkozy.
On sait pourtant qu'il n'en est rien, que dans les pays bosseurs auxquels on compare la France fainéante, la part du travail à temps partiel fait qu'on travaille même moins qu'ici. Ici (ou plutôt ici)on voit des chiffres de l'OCDE qui donnent, pour 2006, ces fainéants de Français qui travaille 38 heures par semaine, devant les encore plus fainéants Anglais qui n'en font que 36,9.
Quand des grands hommes politiques disent que les Français, avec leurs 35 heures, travaillent moins que les voisins, c'est qu'ils ne parlent pas de tout le monde, mais seulement de ceux qui ont la chance d'avoir un boulot à plein temps. En disant cela, je ne dis rien de nouveau bien sûr. C'est juste le point de départ.
Il y a quelques mois encore, j'aurais parlé de la tendance de notre Très Grand Homme (TGH) à voir la société selon des castes définies en termes moraux. La caste des travailleurs est moralement supérieure aux autres. Celle des grands patrons comme Lagardère et surtout Bolloré est de loin supérieure à celle des travailleurs méritants, et ainsi de suite. Aujourd'hui je suis plutôt indifférent aux déformations de la réalité du TGH. Sa personnalité, ses psychismes, ne m'intéressent plus. Ce qui est en revanche intéressant, significatif, c'est qu'une partie pas du tout négligeable de la population continue à accepter ces fariboles sur le travail et les 35 heures.
Le discours UMP sur les 35 heures fonctionne parce qu'il concerne ce pays imaginaire, cette France typique où tout le monde qui le souhaite travaille au moins la durée légale, cette France de parc d'attraction qui n'a jamais été un pouvoir colonial, où pour règler les problèmes d'intégration il suffit d'empêcher l'arrivée des immigrés, cette France où les classes moyennes gagnent 4000 euros par mois comme l'affirmait l'inimitable Jean-François Copé.
Evidemment, cette France là n'existe pas, du moins pas dans la réalité, mais elle existe bien dans l'imagination des électeurs : c'est une réalité symbolique sur laquelle les statistiques comme celle de l'OCDE n'ont aucune prise. C'est pourtant sur ce terrain qu'il faut trouver les mots pour renverser les images.