« Poésie d'un jour
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HAÏKUS DE PRISON
L’odeur d’oignon
chevauche l’odeur d’urine
bientôt la soupe du soir
(p.9)
Cette nuit quelqu’un a hurlé
qu’on l’étranglait
personne ne sait si c’est vrai
(p.10)
Les mouches se font rares
le kirghize les attrape
et les mange
(p. 13)
En pleine nuit il y a eu un silence
ça a réveillé
tout le monde
(p. 15)
Sur la grisaille hostile du ciel
les barbelés dessinent
une touche d’humanité
(p. 19)
Aube terreuse
odeurs de ménagerie et de mort
nous avançons vers l’air frais
(p. 52)
Ce matin le pain des paysannes
avait un goût d’orties et de sciure
on a encore changé de région
(p. 53)
En rang cinq par cinq
le rideau noir de la forêt
se rapproche trop vite
(p. 68)
Un autre mélèze qui tombe
l’éclipse des projecteurs
ne dure qu’un instant
(p. 69)
Juste avant le matin le voleur chinois
se met à hurler
il a cru qu’il était mort
(p. 85)
Lutz Bassmann, Haïkus de prison, Collection « Chaoïd », Éditions Verdier, 2008.
Voir/écouter aussi :
- (sur YouTube) quelques haïkus de prison ;
- (sur Poezibao) Haïkus de prisons de Lutz Bassmann, par Tristan Hordé ;
- le site Lutz Bassmann ;
- (sur le site du Magazine littéraire) Le porte-voix de Volodine.
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