Les ordonnances du docteur M.

Publié le 03 septembre 2017 par Despasperdus

Pour caractériser la présente rentrée, je franchis allègrement le point Godwin. N'ayons pas des pudeurs de gazelles surtout que le pouvoir en place a été élu grâce à l'extrême droite et que sa politique contribue à maintenir cette dernière à un niveau élevé.

Les ordonnances du docteur Macron sont au droit social ce qu'étaient les ordonnances du docteur Mengele pour la médecine. Des ordonnances contraires à l'éthique la plus élémentaire. Les unes fragilisent les salariés c'est-à-dire les agents les plus faibles du système capitalisme, et celles du boucher nazi ne soignaient pas les patients mais les tuaient dans des souffrances atroces.

Le mandat qui a été donné à Macron par la caste oligarchique est de supprimer tout ce qui amende, souvent à la marge, les conséquences du système capitalisme, soit en apportant des protections légales, soit en retirant du secteur marchand un certain nombre d'activités.

Ainsi, les ordonnances sur le code du travail vont-elles imposer des dispositions qui avaient été retirées du projet de loi El Khomri grâce au mouvement social. Sans vouloir toutes les citer - les médias dominants ont fait le job - j'en citerai néanmoins une : la fusion des institutions représentatives CE, CHSCT et Délégué du personnel (DP).

Ainsi, les représentants du personnel ne seront plus, pour certains, spécialisés dans les questions relatives à l'hygiène et à la santé comme c'est le cas aujourd'hui pour améliorer la situation ou alerter sur des faits qui mettent en danger les salariés. Tout ce qui a trait aux conditions de travail, à la sécurité et à la pollution sera marginalisée par d'autres questions à l'ordre du jour de la nouvelle instance unique.

La suppression du CHSCT, instance spécialisée pour protéger les salariés est un véritable scandale qui aggravera une situation déjà alarmante en termes d'accidents de travail et de maladies professionnelles.

Faut-il rappeler au docteur Macron et à ses bourreaux déguisés en infirmiers qu'il y a 500 salariés en moyenne qui meurent annuellement sur leur poste de travail ? Que l'on compte près de 620 000 accidents par an qui donnent lieu à un arrêt de travail ? Que les maladies professionnelles sont en hausse de 40 % ces dix dernières années ?

Plutôt que de renforcer les moyens matériels et les attributions des CHSCT pour améliorer les conditions de travail des salariés le docteur Macron a préféré supprimer les CHSCT ! Les chiffres cités plus haut risquent d'augmenter... J'espère qu'un jour, la justice demandera des comptes à Macron et à ses principaux complices.

Par ailleurs, on peut s'interroger sur le caractère démocratique de ces ordonnances. D'un parlement sommé cet été d'autoriser le gouvernement Philippe à légiférer par ordonnances. Le législatif renonçant à ses propres attributions et les délégant à l'exécutif. Pourquoi cette précipitation ? Cette urgence ? Macron veut probablement profiter de l'état de sidération après son élection. Sidération parce que Macron fut pour une majorité de citoyen-ne-s le choix le moins pire... Sidération parce que le choix le moins le pire conduit fatalement au pire : la destruction du droit social. Et au pire du pire : l'extrême droite aux portes du pouvoir.