Paul Ricoeur est un phénoménologue et un hermémeute. En quelque sorte, il met en équations les invariants de la nature, grâce à l'étude des textes. Il a quelque-chose du rabbin : son travail a-t-il un intérêt pratique, ou est-il un pur jeu d'un esprit ultra-subtile ? Car son jugement a laissé à désirer. Avant guerre, il est pacifiste. Ce dont il se repend. Il passe cinq années dans des camps allemands. Peu rancunier, il va y poursuivre son étude des philosophes allemands. Plus tard, il sera pris au dépourvu par les événements de 68, à Vincennes. Il décampera pour rejoindra Hannah Arendt, qu'il cite beaucoup, aux USA. C'est pour cela qu'on le connaît peu.
Curieux homme. Il est à la fois croyant (protestant) et rationaliste (philosophe). C'est cette opposition, à laquelle il tient, qui semble le pousser dans la vie. Il met ses convictions à l'épreuve des problèmes et des faits. Et cela fait progresser sa pensée. C'est un homme de concepts, qui les "clarifie". A chaque problème, il semble chercher ses principes constitutifs. Par exemple au bon fonctionnement de la société, ou à la laïcité. Avec quelque-chose de surprenant : d'ordinaire on reproche aux universaux d'être totalitaires, lui dit qu'ils se limitent les uns les autres. Alors, ses oeuvres, quelle utilité ? Peut-être qu'on ne peut pas le savoir sans les avoir lues ? Peut-être cachent-elles une "parole forte", pour celui qui saura la comprendre, comme il dit de la Bible ? Ou que leur seule existence est la preuve de leur utilité ? Comme pour l'oeuvre d'art, selon lui : sa singularité fait son universalité ?