Monique Durussel est une laborantine suisse. Jozsef Csizmazia Darab, un oenologue hongrois. Jozsef est stagiaire dans le laboratoire de Monique. Ils s'aiment, mais elle lui dira non, en 1951, et épousera Jean-Pierre. Et il la quittera donc et épousera Blanka.
La narratrice est la fille de Monique. Elle part en Hongrie sur les traces de Jozsef et raconte ce qu'elle découvre sur leur histoire, qui illustre ce qui s'appelle la nostalgie du possible:
Oui quand nos pas résonnent dans une ville qu'on n'a jamais habitée. Quand nous passons à côté, tellement près qu'il en reste forcément quelque chose.
Pour Monique il reste toujours une phrase, indélébile, quand ils se sont croisés la première fois dans l'escalier:
- Passez, Mademoiselle, je t'en prie.
Sa narratrice de fille précise: Ce mélange de tutoiement et de vouvoiement l'avait saisie, et ses yeux s'étaient déjà levés alors qu'il était déjà en bas.
Pour Jozsef il reste toujours une image, indélébile, quand ils s'étaient quittés pour ne se revoir plus qu'une fois, après qu'il l'avait embrassée lentement sur les yeux:
Sous son chemisier, elle portait un soutien-gorge noir.
Sa fille, Rita, subjuguée, fera de cette image audacieuse de porter du noir sous la popeline blanche sa signature, qu'elle laissera de manière insolite en un endroit tout aussi insolite en quittant le monastère cistercien où elle était entrée dans les ordres.
Les dessous de cette histoire, c'est non seulement ce dessous féminin qui servira de passeport au destin second de Rita, mais le dessous d'une correspondance entre Jozsef et Monique (qui s'écrivent toute leur vie, pendant cinquante-cinq ans), abritant le secret de Monique, qui deviendra la fronde de Rita...
Francis Richard
Le soutien-gorge noir, Corinne Desarzens, 192 pages, Editions de l'Aire
Livres précédents:
Un roi, 304 pages, Grasset (2011)
Carnet d'Arménie, 88 pages, Éditions de l'Aire (2015)