Sentant probablement que les belles heures du sarkozisme n’étaient désormais plus qu’un lointain souvenir, le député lozérien UMP Pierre Morel-A-L’Huissier s’est beaucoup activé ces derniers temps. Il vient en effet de sillonner le département pour étudier les questions relatives à l’aménagement du territoire et à la ruralité. On l’a même vu s’aventurer jusqu’en Cévennes… C’est dire son désarroi…
Dans un article particulièrement flagorneur publié dans son édition du 27 juin 2008, la Lozère Nouvelle a fait un compte rendu du colloque organisé par le député sarkoziste dans son fief de Fournels à l’occasion du 25ème anniversaire du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE) de la Lozère. Ce colloque s’est inscrit dans le cadre de la mission interministérielle que l’Etat UMP a confié à Monsieur Pierre Dartout, préfet hors cadre à qui il a bien fallu trouver une occupation. Si l’on en croit l’auteur de l’article, le département de la Lozère a été présenté comme « le laboratoire de la ruralité gagnante » (sic) et serait proposée par le délégué interministériel comme terrain d’expérimentation. Des tas de « y a qu’à, faut que » ont ponctué cette réunion qui, toujours selon La Lozère Nouvelle, est « […] l’un de ces événements qui marque durablement » (sic). Trois cents personnes présentes, il n’en fallait pas davantage pour que l’on sonne le clairon de la victoire.
Cependant, en toute franchise, qui s’opposerait au catalogue de bonnes intentions énoncées durant ce colloque ? Qui contesterait la nécessité d’accompagner le développement des zones rurales, de les revitaliser davantage, d’attirer à elles ce que l’on appelle les néo-ruraux ? Qui serait en faveur d’un département déserté et pour un accroissement du chômage et de la précarité ? Qui irait à l’encontre de ces belles promesses ? Personne bien sûr. Le problème (de taille) est que la politique menée actuellement par l’Etat UMP contredit quotidiennement les incantations des mandataires sarkozistes de la Lozère, si bien que leur enthousiasme relève plus de la méthode Coué que d’une politique responsable, juste, lucide et efficace.
Du marketing politique qui ne masque pas la dureté de la politique gouvernementale et l’incohérence des mandataires sarkozistes
En effet, on rappellera tout de même que Sarkozy (qu’ils soutiennent tous sans exception) avait également beaucoup promis et on a vu ce qu’il en a été, notamment en Lozère : destruction de la justice de proximité et démantèlement des services publics, menaces croissantes sur les hôpitaux en milieu rural, désengagement de l’Etat sans contreparties financières pour les collectivités territoriales (d’où l’augmentation de la pression fiscale pour pouvoir financer les compétences qui leur ont été transférées), renégociation de la PAC à l’horizon 2012, fermetures d’écoles et manque d’accompagnement éducatif dans les communes (comme à Vébron ou à Florac exemple), etc.
Comme le font justement observer Ségolène Royal et ses amis dans leur contribution :
«Nous devons porter une haute conception de l’État et des services publics, au nom d’une volonté de lutte contre les inégalités, en faveur de l’épanouissement personnel et pour que chacun redevienne maître de sa vie. N’ayons pas peur de dire que, pour bien réformer l’État, il faut d’abord l’aimer et respecter ceux qui le servent. C’est le contraire des suppressions à l’aveugle de services publics décidées par la droite (hôpitaux, tribunaux, écoles), tout particulièrement dans les territoires ruraux, périurbains et dans les banlieues, où ils sont déjà trop peu présents.»
En guise de réponse aux inquiétudes des citoyens, les édiles locaux de l’UMP martèlent les mots magiques comme des nonnes qui réciteraient le rosaire : « Internet », « Nouvelles Technologies de l’Information » ou « Haut Débit ». Ils n’ont d’ailleurs que ces mots là à la bouche, comme si l’économie numérique était la clef à tous les problèmes. Nos représentants seraient donc bien inspirés de revenir sur les incidences de la bulle spéculative autour de l’internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ils n’y gagneront peut-être pas en efficacité mais au moins en prudence et en modestie.
En d’autres termes, les faits sont très loin de confirmer les discours des sarkozistes locaux. Comment dès lors ne pas mettre en doute l’utilité du colloque de Fournels et la mission de Monsieur Dartout ? En fait, pour dire les choses, il y a fort à craindre que tout ce cinéma ne soit, une fois de plus, qu’une simple opération de communication politique dont l’objectif est uniquement électoraliste. Il faut dire que le sarkozisme et l’esbroufe publicitaire vont de pair .
D’ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler également que, concernant la ruralité, les mandataires sarkozistes agissent en dépit du bon sens. C’est ainsi par exemple que le député Morel-A-l’Hussier a voté en faveur du projet de loi, adopté par le Sénat, relatif aux organismes génétiquement modifiés, montrant ainsi son soutien aux expérimentations OGM, et son attachement à un modèle d’agriculture productiviste aujourd’hui dépassé et potentiellement dangereuse pour l’écosystème. En revanche, le député Saint-Léger s’est abstenu. Concernant le projet de loi portant modernisation du marché du travail, c’est quasiment le contraire. Saint-Léger a voté pour, tandis que Morel-A-L’Huissier n’a même pas pris part au vote (pour de plus amples renseignements sur la manière dont les députés votent, cliquez ici). Et après, ce sont les mêmes qui vont abuser les Lozériens avec leurs considérations sur l’emploi en milieu rural. Sur ces deux textes, pris parmi d’autres, et sur lesquels il y aurait certainement beaucoup à redire, les deux mandataires sarkozistes ne paraissent donc pas avoir la même approche. En tous les cas, leurs actions contradictoires en disent long sur l’incohérence de l’UMP sur ces dossiers.
Augmentation des impôts locaux : l’UMP le fait aussi
Il convient de relever aussi une autre incohérence flagrante et de taille qui montre toute l’hypocrisie de l’Union des Menteurs Professionnels (UMP) de la Lozère. Elle concerne cette fois la fiscalité.
Le Président du Conseil général, Jean-Paul Pourquier, envisage d’instaurer une taxe pour financer les investissements et les incantations généreuses déclinées notamment du côté de Fournels. Pourquier propose donc que cette taxe éventuelle s’applique aux services internet et de téléphonie selon un mécanisme calquée sur la facture d’électricité. Le produit de cette taxe serait ainsi redistribué aux zones rurales pour accompagner l’équipement quand les opérateurs n’interviennent pas faute de rentabilité.
Autrement dit, l’UMP de la Lozère préconise que le contribuable lozérien pallie le désengagement de l’Etat (dirigé par Sarkozy et sa bande) ainsi que celui des opérateurs privés (même si ces derniers ont à assurer une mission de service public !…)
Une taxe… Curieux… On croyait que l’augmentation de la pression fiscale ne pouvait être l’œuvre que de la méchante région socialiste présidée par l’horrible bolchevique Georges Frêche ! Au sujet de la pression fiscale, il semble même que l’UMP avait récemment orchestré à ce sujet une odieuse campagne de propagande et de désinformation, qui d’ailleurs avait même contraint quelques militants populistes à se ridiculiser à la station service de la ZAC de Ramilles…
Les Lozériens doivent savoir que pour les députés et le sénateur UMP de leur département, c’est l’initiative privée, donc payante, qui sera amenée à se substituer de plus en plus au service public. Les conséquences de cette politique commencent hélas à se faire sentir. Dans le domaine de l’acheminement du courrier, ça signifie que le facteur ne viendra plus dans les villages apporter les lettres et autres colis, mais ce seront les villageois qui devront se rendre à un point poste situé parfois à plus d’une dizaine de kilomètres (et compte tenu de la topographie de la Lozère, selon les routes empruntées, 10 km peuvent représenter entre un quart d’heure et vingt cinq minutes de trajet). Et tant pis pour ceux qui seront dans l’incapacité de se déplacer (les anciens par exemple) ! Pour les représentants sarkozistes, le service public prendra le relais quand l’initiative privée sera déficiente. La belle affaire ! On va donc plumer le consommateur en lui faisant payer des services qui seront moins bien assurés que par le passé, et dès que l’on se rendra compte de l’échec inévitable, on appellera alors au secours le service public… ou ce qu’il en restera parce qu’on l’aura complètement démantelé. Ca c’est la réalité brute à laquelle les Lozériens seront bientôt confrontés.