De l'âge de la relativité à l'âge de l'ordinateur

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
La science et la technique occidentales (suite et fin)
L'âge de la relativité et des quanta. Loin d'être un

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système achevé, toute la physique classique et ses postulats mécanistes ont été remis en question au début du XXesiècle. L'expérience de Michelson et Morlay débouchait sur cette constatation paradoxale: la vitesse de la lumière est indépendante du mouvement de la source lumineuse el de celui de l'observateur. Pour rendre compte de ce fait. Einstein, en rupture avec les postulats de la mécanique classique, est amené à considérer qu'il n'existe pas de temps et d'espace constituant un cadre immuable à l'intérieur duquel se déplaceraient des points matériels également immuables. C'est pourquoi il n'y a pas de référence absolue comme prétendait l'être l'espace euclidien, conçu à partir des expériences à notre échelle, et toujours valable à ce niveau, mais non au niveau de l'infiniment grand ou de l'infiniment petit. L'espace géométrique et l'espace physique ne font qu'un. Les objets se « contractent » et les durées se dilatent. La masse d'un corps n'est plus fixe : elle s'accroît avec la vitesse. D'où il s'ensuit qu'il n'y a pas de frontière entre la matière et l'énergie. Existe seulement un champ unique dans lequel ce qu'on appelle un atome ou une particule n'est pas une bille compacte en laquelle il ne se passe rien et séparée des autres par un vide, mais un point singulier, comme une vague dans la houle du champ.
Quant au rayonnement du corps noir il montrait, contrairement à la physique classique, qu'un corps noir n'absorbe pas toutes les radiations, certaines d'entre elles, nommées par Roentgen qui les découvrit en 1895 « rayons X », traversent le corps noir. L'explication fut donnée par Max Planck montrant que la lumière avait une structure « granulaire » , qu'elle était une' émission discontinue de particules avec une dimension ou une périodicité définie à partir de la « constante de Planck » (découverte en 1900). Max Planck lui donne le nom de « quantum élémentaire d'action ». Cette « théorie des quanta » est le deuxième élément de subversion de la mécanique classique dont elle rejette tous les postulats, Substituant au déterminisme mécanique un déterminisme statistique, à l'idée  d'une nature indépendante de l'observateur, celle d'une action réciproque, à la référence absolue, l'idée que les particules élémentaires sont « des individus » mal définis dans le cadre de l'espace et du temps, attribuant enfin aux particules à la fois des propriétés de corpuscule et des propriétés d'ondes qui définissent une « probabilité de présence ».
L'âge du nucléaire, de l'ordinateur et de la télévision. L'ensemble de ces découvertes, non seulement ne privait pas le physicien des prises sur la nature acquises par la mécanique classique, mais lui donnait sur cette nature un pouvoir de manipulation sans commune mesure avec ceux qui avaient été conquis dans le passé. Lorsque Joliot-Curie eut découvert qu'un noyau d'uranium, en se brisant, émettait des neutrons capables de briser à leur tour d'autres noyaux, cette « réaction en chaîne » mettait à la disposition de l'homme une forme d'énergie nouvelle qui permit, malgré l'objection de conscience exemplaire de Joliot- Curie, de fabriquer d'abord des bombes atomiques, puis des centrales nucléaires, au risque de produire des déséquilibres écologiques mettant en danger l'espèce humaine à l'échelle planétaire. Dans le même temps, l'expansion de la radio (depuis 1921 à la tour Eiffel) et de la télévision a permis non pas la diffusion des trésors de la culture de tous les peuples et de leur sagesse dans la réflexion sur les fins, mais la manipulation et le conditionnement des esprits par la présentation des comportements les plus violents ou les plus déshumanisés, aliénés et aliénants. Quant à l'autre grande et merveilleuse découverte du siècle : l'ordinateur, elle a été d'abord utilisée à des fins militaires lors de la Deuxième Guerre mondiale et, aujourd'hui, pour l'essentiel, à la gestion des affaires et à la gestion de fichiers électroniques à usage policier, beaucoup plus que pour la mise en ordre et la diffusion de la culture passée, et comme instrument de recherche et de découverte.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
pages 322 à 324
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