En 1995, Paul Ricoeur se demandait, déjà, comment intégrer la pensée musulmane à notre modèle social. En effet, pour l'Islam, le politique et le religieux ne font qu'un.
Dans les mille et une nuits, on se convertit "sincèrement" à l'Islam sous la menace du sabre. En fait, je me demande si l'on ne passe pas à côté de la réalité lorsque l'on pense que les idées déterminent les actions. Lorsque l'on est à l'étranger, on s'adapte aux us et coutumes locaux sans se demander quel est leur soubassement philosophique. Les comportements s'ajustent d'abord. Ensuite la pensée leur trouve une justification.
Curieusement, Paul Ricoeur est une illustration de ce que je viens de dire. Il parlait de "conviction et de critique". Il était à la fois protestant et philosophe. Or, ses deux caractéristiques, a priori antinomiques, s'entendaient très bien ensemble. Elles se sont adaptées l'une à l'autre. Au passage elles ont révélé, chez l'une et chez l'autre, des richesses inconnues. Elles ont même été le moteur de sa curiosité et de ses recherches.
Et si les convictions n'étaient pas un frein à l'adaptation ? Mais, au contraire, une aide ?