La
science et la technique occidentales (suite)
Mécanisme et positivisme en
philosophie. Ces
deux premières étapes du
développement de la
physique ont donné naissance à
l'idéologie mécaniste
et au positivisme.
La mécanique, c'est la croyance en la
possibilité de
tout expliquer par le déterminisme
des lois de la
mécanique rationnelle.
Cette idéologie mécaniste de la
physique de
Galilée, de Descartes, de Newton et
de Laplace, repose
sur cinq postulats :
1. Le monde existe objectivement,
indépendamment
de tout observateur.
2. Le mouvement des choses peut être
décrit dans
une « arène » immuable constituée par
l'espace et le
temps.
3. Tout objet peut se définir par un
ensemble de
« points matériels » reliés par des lois (exprimables en
équations) extérieures aux objets
qu'elles régissent.
4. Si l'on donne toutes les positions
et toutes les
vitesses initiales d'un système de «
points matériels »,
l'on peut en déduire tous les états
passés et en prédire
tous les états futurs.
5. Les lois de la nature, en nombre
fini et bien
déterminé, constituent un système
clos.
De cet état de la science est né le
positivisme
d'Auguste Comte, qui revendique
l'héritage de Galilée,
de Descartes, de Hume et de
Condorcet.
Le caractère fondamental du
positivisme est de
confondre science et scientisme.
Le scientisme, c'est fa croyance
selon laquelle la
science ne peut être rien d'autre que
la définition des
faits apparaissant dans l'expérience
des sens, et la
liaison de ces faits par des lois et
des rapports constants.
On en conclut alors que tout problème
ne relevant
pas de la science ainsi définie est
un faux problème,
qualifié de « théologique » ou de «
métaphysique »
comme par exemple les problèmes
d'origine et les
problèmes de finalité. Le propre de
la pensée positiviste
est de ne se poser toujours que la
question du
« comment » et jamais celle du « pourquoi ».
Cette conception dogmatique et
étroite de la
science, Auguste Comté l'applique à
tous les domaines,
notamment à la « sociologie », qu'il
considère comme
une « physique sociale » où l'homme
est soumis au
même déterminisme que les choses.
De là découle une politique
foncièrement conservatrice,
car l'avenir de toute société, selon
cette
conception, est le prolongement de
son passé.
De ce dogmatisme scientiste, Auguste
Comte a fait
aisément une nouvelle « religion »,
sous-jacente
d'ailleurs, même si elle ne se
proclame pas religion, à
toutes les extensions, au domaine
politique, de ce
scientisme étroit, de Staline à
Jacques Monod.
Imbus de ce scientisme positiviste,
nombre de savants,
à la fin du XIXesiècle, crurent que la physique
avait atteint la vérité absolue et
que l'édifice en était
achevé. Ainsi le premier maître de
Max Planck,
Kirchhoff, disait-il par exemple
qu'il suffirait désormais
d'ajouter quelques chiffres après les décimales des
résultats déjà connus.
Le grand physicien Lord Kelvin affirmait qu'il n'y
axait plus que deux petits nuages obscurs à
l'horizon :
l'expérience de Michelson et Morlay, et l'impossibilité
d'expliquer, pai la physique classique, la radiation du
corps noir.
Au début du XXe siècle, ces
deux petits nuages ont
envahi tout le ciel et englouti la mécanique
classique
avec son cortège d'idéologie scientiste prétendant
sacraliser la science.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain, pages 320-322
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