" Le chien montre les dents, le malheureux s'enfuit
C'est une parabole de la vie politique,
Le pouvoir n'est rien d'autre que la loi du plus fort.
Si le chien est puissant, le chien est couronné,
Un chien a le pouvoir, ce chien EST le pouvoir.
Eh toi le policier aux mains tachées de sang,
Tu frappes une putain mais c'est toi le coupable,
Tu mérites les coups, c'est toi qui la désire !
Tu veux faire avec elle ce pourquoi tu la fouettes !
Et le banquier fait pendre un misérable escroc !
Sous les habits troués tous les vices apparaissent
mais toges, robes et fourrures cachent tout !
En haillons une paille de Pygmée vous transperce !
Mais le mal en armure d'or brise l'épée de justice !
Personne n'est coupable, non, personne, personne !
C'est moi qui te le dis, moi qui ai le pouvoir
De coudre les lèvres de mes accusateurs !
Trouve des yeux de verre et en bon politique
Dis que tu vois très bien ce que tu ne vois pas..."
William Shakespeare :" Le roi Lear", dans une traduction d'Olivier Py, Actes Sud, 2015