Décidément, la réforme des médias est dans l'air du temps en Europe. Et pas toujours dans le bon sens. La preuve avec l'adoption par le Sénat Roumain, le mercredi 25 juin, d'un projet d'amendement de la loi sur l'audiovisuel obligeant désormais les médias à diffuser 50% d'informations positives.
"Les programmes d'actualité des télévisions et des radios devraient, dans la même proportion, contenir des informations positives et négatives". Voici les termes de ce projet présenté par le Parti libéral de gouvernement et du parti extrémiste Romania Mare (la Grande Roumanie).
Reporters sans frontières n'a pas tardé à réagir :
« Ce projet de loi est tout simplement inacceptable pour un pays membre de l’Union européenne. Seul des Etats comme la Chine ou la Corée du Nord se dotent encore de ce type de législation rétrograde et anachronique, totalement subjective et vide de sens (...) Nous demandons au président Traian Basescu de ne pas cautionner de sa signature un texte si ouvertement incompatible avec les standards européens auxquels la Roumanie a souscrit en 2007. Nous demandons également au Sénat, qui pourrait être appelé à revoter, de rejeter l’intégralité de ce texte."
Malgré un avis négatif de la commission des droits de l'Homme du Sénat roumain, la commission de la Culture et des Mass médias a soutenu ce projet. Il devra bien sûr être validé par le CNA, le Conseil National de l'Audiovisuel roumain, qui a d'ores et déjà critiqué ce texte par la voix de son président, Rasvan Popescu : "Une actualité est une actualité, elle n'est ni positive ni négative, elle reflète tout simplement la réalité".
On ne peut s'empêcher, comme le rappelle Le Monde, de trembler face à cette nouvelle en repensant à l'époque Ceaucescu. Il parait surprenant de la part d'un pays membre de l'Union Européenne de prendre des mesures de ce genre, mettant en danger la liberté de la presse. Mais cela prouve aussi que le développement économique et l'intégration de certaines ex-dictatures dans une communauté telle que l'UE ne les protège pas des dérives extrêmes et dangereuses pour la démocratie. Car, au-delà du fait qu'on ne doit pas imposer de choix éditoriaux aux médias, qu'entend-on par "information positive" ?
Sur le sujet, lire l'article du Monde du 27 juin.