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Lundi 31 juillet 2017, le chef d'orchestre suisse Philippe Jordan, actuel directeur musical de l'Opéra national de Paris et de l'orchestre symphonique de Vienne, a été nommé directeur musical de l'Opéra de Vienne. Il y prendra ses fonctions en 2020, auprès de l'Autrichien Bogdan Roscic, président du label Sony Classical qui de son côté, vient d'être nommé directeur général de ce même Opéra. Il remplacera à ce poste prestigieux le Français Dominique Meyer. L'Opéra de Paris a fait savoir que Philippe Jordan honorerait son contrat jusqu'à son terme en 2021. Y figure une nouvelle production du Ring de Wagner lors de la saison 2020/2021.
Le jeune chef d'orchestre, 42 ans, est très apprécié à Vienne et Bogdan Roscic déclare: "Je me réjouis que Philippe Jordan soit prêt à contribuer à mes côtés à l'évolution de l'Opéra de Vienne. Philippe Jordan compte aujourd'hui parmi le cercle très restreint des chefs qui, au début de leur carrière artistique, se sont orientés vers l'opéra et qui sont pleinement engagés sur la voie de chefs d'orchestre. (Il) saura assurément faire profiter à cette maison de ses connaissances et de son expérience accumulées tout au long de son parcours".
Il faut dire qu'il a de qui tenir. Fils d'Armin Jordan, décédé en 2006, qui a dirigé de nombreuses formations de renom dont l'Orchestre de la Suisse romande ou l'Ensemble orchestral de Paris. Il a été constamment invité notamment à l'Opéra de Lyon, de Bordeaux, de Marseille, de Munich et de Vienne, au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
Philippe Jordan a d'abord étudié le piano avant de faire ses classes auprès de grands chefs tels que Daniel Barenboïm à Berlin. Très vite il est directeur musical, à Graz, puis à l'Opéra national de Paris en 2009 et à l'Orchestre symphonique de Vienne en 2014. Il est invité au Metropolitan Opera de New York, à la Scala de Milan, au Royal Opera House de Londres, aux Festivals de Salzbourg et d'Aix-en-Provence entre autres.
Bogdan Roscic, a été désigné pour un mandat de cinq ans, jusqu’en 2025, il est chargé de donner un nouveau souffle à l’Opéra de Vienne et "créer un Staatsoper 4.0", selon Thomas Drozda, ministre de la Culture. Et même s'il manque d'expérience à la tête d’une grande institution culturelle, sa fonction actuelle lui a permis d"établir des contacts avec "les chanteurs et les chefs d’orchestre les plus importants au monde", a précisé le ministre. Né à Belgrade en 1952, il est docteur en philosophie de l’Université de Vienne, Bogdan Roscic a d'abord été journaliste culturel, directeur de la radio généraliste autrichienne Ö3, puis responsable de la section classique chez Deutsche Grammophon, Decca et Sony, où il travaille depuis 2009. Il a été retenu parmi 18 candidats, dont Dominique Meyer, 61 ans, qui briguait un troisième mandat. "Nous devons regarder vers l’avenir, ce qui n’est en rien une critique du statu quo", a souligné Thomas Drozda, Il est exact que Dominique Meyer n'a nullement démérité. Parfaitement germanophone, il a maintenu un taux élevé de fréquentation et un nombre de productions de qualité. Mais peut-être a-t-on pensé en haut lieu qu'il était un peu trop classique et qu'il valait mieux placer un Autrichien à ce poste stratégique.
Il y quelques jours, on laissait entendre que l'édition 2017 qui s'est achevée le 5 août avec "Aida" de Verdi, risquait d'être la dernière. Jean-Louis Grinda, par ailleurs directeur de l'Opéra de Monte-Carlo, avait succédé en mai 2016 à Raymond Duffaut qui dirigeait les Chorégies depuis 35 ans. Il a déclaré: "Quand j'ai repris le festival l'an dernier, je pensais pouvoir combler le déficit de 1,5 million d'euros par un emprunt à moyen ou long terme. Or les banques me l'ont refusé au motif que la manifestation est sous-capitalisée et donc trop fragile pour se redresser: elles pourraient donc être taxées de soutien abusif. Si l'État ou les collectivités territoriales ne nous viennent pas en aide, nous mettrons la clé sous la porte". Il n'en sera heureusement rien et le célèbre festival d'opéra aura lieu en 2018. Un conseil d'administration exceptionnel a été convoqué le mercredi 2 août 2017 et le festival a reçu le soutien de l'État et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il ne s'agit pas vraiment de subventions mais plutôt de "facilités" pour sauver cette manifestation artistique de renom, par exemple échelonnement de paiements et de charges sociales. Ceci, avant une expertise approfondie qui doit avoir lieu en septembre 2017. Elle permettra de faire le point sur la situation financière exacte du festival. Il est très peu subventionné par l'État, 900.000€ sur près de 6 millions de budget, lequel provient à 84% de la billetterie. Avec près de 37.000 spectateurs, cette édition 2017 pourrait enregistrer une hausse de fréquentation de près de 20% par rapport à 2016. Ce qui peut s'expliquer par la baisse de 20% des tarifs, sauf précise-t-on pour les 15 premiers rangs au confort accru. Mais Jean-Louis Grinda a reconnu "qu'il faudrait 40% de hausse pour être à l'aise". Le festival ne s'est jamais vraiment remis de son bilan de l'année 2013, la production du "Vaisseau Fantôme" de Wagner n'avait pas trouvé son public, puis un récital de Roberto Alagna avait été annulé.
Mais ce n'est pas tout. "Il faut de nouveaux artistes, de nouvelles productions, de nouveaux titres. Il est temps de donner une nouvelle dynamique à ce festival", ajoute le directeur. C'est pourquoi en 2018, il proposera "Mefistofele" de Arrigo Boito dirigé par Nathalie Stutzmann. On n'a jamais vu une femme à la tête d'un orchestre à Orange… Et "Le Barbier de Séville", œuvre très populaire qui n'a jamais été donnée en ces lieux. La danse n'est pas oubliée, avec "La Flûte enchantée" du Béjart Ballet Lausanne.
Les Chorégies d'Orange sont le plus vieux festival français, elles datent de 1869 et étaient d'abord consacrées au théâtre. Et c'est en 1971 qu'elles se sont renouvelées et ont pris la forme qu'on leur connaît actuellement, deux opéras avec deux représentations pour chacun d'eux et des concerts. Le théâtre antique accueille près de 9.000 spectateurs.