Notre série storytelling de l'été touche à sa fin. Elle a été consacrée à la campagne des présidentielles vue sous un angle qui sort des sentiers battus (angle narratif, bien-sûr). C'est aujourd'hui l'avant-dernier épisode de la série, qui a vu être abordés tour à tour les thèmes de la comédie de campagne, un second épisode, qui approfondit encore cette thématique de la comédie, un troisième épisode storytelling et le quatrième opus narratif une connexion Fillon - Blueberry (en 2 parties), puis le thème de la fiction des programmes.
Les jours passent, ils sont demeurés... Les partisans de François Fillon ont continué de positiver. Ils en était sûr : leur candidat allait gagner. Peu importe les sondages, les concerts de casseroles, les contradictions des déclarations... Tout cela n'est que détails : tout va très bien, madame la marquise...
On ne parle évidemment pas des trolls qui, à partir de la troisième semaine de mars 2017, se sont visiblement mis en action intensité maximale, ni des équipes de communication officielles de François Fillon, dont c'est le métier même si on peut douter de certains choix disons... potaches pour être poli.
Il y a une irrationalité extrême dans le comportement de ces supporters. Comment peut-elle s'expliquer ? Quelles étaient les forces à l'oeuvre ici ?
L'explication pourrait être psychologique. Une méthode Coué exacerbée, la pensée positive poussée à l'extrême pourrait être une motivation simple en plus d'être simpliste. En bref, une prophétie autoréalisatrice, une autosuggestion avec une particularité tout de même : d'habitude, la pensée positive est autocentrée, ce qui ne serait pas le cas ici puisqu'une tierce personne est associée au schéma -François Fillon. Cela dit, tout se tiendrait, y compris les raisons pour lesquelles des personnes choisiraient de s'engager et s'enfermer dans cette voie : acte de prévention, dans l'optique d'une défaite de leur candidat, et un acte curatif en même temps, d'absorption d'un résultat négatif. En finalité, ce serait une manière de gérer une situation de grand stress.
" Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l'est pas, nous obtiendrons le maximum d'améliorations qu'il est possible d'obtenir ", écrivait Emile Coué dans " La méthode Coué ".
Quant à ce stress et ses causes, c'est une autre réflexion à mener car, en somme, c'était juste une élection, d'une personne qui ne serait que président de la République. Pas régent de la vie personnelle, privée, de chacun de ses supporters, non juste le dirigeant d'un pays, avec un impact relatif sur le cours des choses, notamment sur tout ce qui touche à ce qui impacte le plus la vie quotidienne : l'économie.
Un raisonnement littéraire ?Je pense pourtant que l'utilisation de la méthode Coué par les supporters de François Fillon n'est pas la seule explication possible.
En plus de l'explication psychologique, un raisonnement littéraire peut apparaître tout aussi crédible. Oui, la littérature, encore elle. Après Macbeth, Blueberry, la comédie abordés dans les autres épisodes de la série... Et bien : nous parlons bien ici de storytelling, d'histoires, non ?
Suite au prochain épisode... En attendant, ne manquez pas notre offre spéciale été de storytelling à 15€En réalité, méthode Coué et répétition d'une scène déjà vue en littérature peuvent très bien agir de concert pour alimenter ce phénomène tout de même bien étrange de l'ordre de l'idée fixe.
Ce morceau de littérature qui trouve ici un terrain d'expression inattendu, c'est " L'Arrache-Coeur ", de Boris Vian (1953) ! Comment !? Est-ce que c'est un gag ? Voilà maintenant qu'on invite Boris Vian dans la campagne des présidentielles 2017, et plus précisément pour alimenter une réflexion sur le storytelling de François Fillon ! En plus Boris Vian, et un livre qui date d'il y a 60 ans quoi !