"Une femme, un domaine, un amour impossible"
Miles l'avait bien dit : Somerset ne l'abandonnerait jamais, malgré la charançon, la sécheresse et les inondations. La grêle pouvait anéantir une récolte en quelques minutes, mais les terres, elles, seraient toujours là. Les terres étaient porteuses d'espoir, au contraire des humains.
Howbutker, Texas, 1916. A la mort de son père, la jeune Mary Toliver hérite de la plantation de coton des Toliver, l'une des familles fondatrices de Howbutker. La jeune femme devra-t-elle sacrifier son amour pour Percy Warwick, magnat de l'exploitation forestière, pour faire vivre le sol de ses ancêtres ? Confrontés aux trahisons, aux secrets et aux tragédies qui les entourent, renonceront-ils à ce qui aurait pu exister, non seulement pour eux, mais aussi pour les générations suivantes ?
Dans la quatrième de couverture, il est inscrit une citation du Publishers Weekly qui énonce que ce roman n'est pas sans rappeler Autant en emporte le vent. En effet, par bien des aspects, il lui rassemble. Ce dernier roman fabuleux ayant été un gros coup de <3, je n'ai pu de même qu'adorer Les Roses de Somerset !
Le slogan "Une femme, un domaine, un amour impossible" ne pouvait que m'attirer. Je suis particulièrement friande des histoires de domaines, châteaux, manoirs & cie, qui plus est quand il s'agit d'une femme qui hérite (cela me permet de me mettre dans sa peau). Je savais donc d'avance que j'aimerai ce livre (en plus, j'adore son grand format - pour une fois).
Mary Toliver hérite ainsi du domaine de Somerset, une plantation de coton, ce qui déplaît à sa mère et à son frère, Miles. Cela détruit leur relation familiale mais Mary va pouvoir s'occuper de ce dont elle souhaite le plus au monde - Somerset - au détriment de sa vie sociale. Mystères, secrets, mensonges, trahisons... ce roman ne manque pas de richesse. Malgré son aspect, ce n'est pas un pavé ennuyeux. L'auteure résume bien les faits et ne s'étend pas dans les détails.
L' histoire de la plantation m'a beaucoup intéressée. Si je n'y connais rien, ce livre m'en a donné un aperçu. Cultiver le coton s'avère vraiment difficile, le rendement dépendant énormément du climat. Je voyais Mary s'échiner au travail et j'avais mal pour elle. Une telle plantation comme Somerset, ce n'est pas rien mais Mary a un caractère déterminé et est grande travailleuse, ce que j'aime par dessus-tout. Pourtant, contrairement à Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent, je n'ai pas réussi à me mettre complètement dans sa peau tout au long du récit. Au contraire, j'avais un regard extérieur par rapport à l'histoire, alors que c'est plus stimulant d'être dans la peau du personnage. Mais je n'en tiens pas rigueur à l'auteure pour autant. Un autre point sur lequel je n'ai pas été très emporté, c'est l'histoire d'amour de Mary et Percy. Percy Warwick détient une exploitation forestière à Howbutker mais l'amour indéfectible de Mary pour Somerset ne semble pas pouvoir les réunir. Je trouve cela tellement dommage et je ne trouve pas forcément que leurs raisons de s'éloigner étaient valables, même si les circonstances vont les obliger à faire des choix. Cependant, ceci n'est pas un reproche. J'ai eu tellement de plaisir à lire ce livre que j'en garde déjà un beau souvenir et que je me verrais bien le relire dans quelques années, tout comme Autant en emporte le vent.
Concernant ce dernier, Leila Meacham n'a pas fait de copier-coller. Si Mary Toliver est aussi forte et travailleuse que l'est Scarlett O'Hara, l'écrivaine utilise ses propres ressorts pour émouvoir le lecteur. Les Roses de Somerset se découpe en quatre parties, dont trois porte sur l'histoire d'un personnage en particulier : celles de Mary, de Percy et de Rachel. Ce découpage est absolument ingénieux, et c'est pourquoi je le pointe. J'ajouterai à cela que l'auteur mêle deux époques : celle de la jeunesse de Mary, dans les années 1930, et celle de sa vieillesse, en 1985. Les allers-retours entre le passé et le présent se font de manière continue et coulent de source, ce qui est fantastique et n'en relève qu'encore plus la qualité de cet ouvrage.
Une autre qualité remarquable et originale de cette histoire est celle des roses. Dès le début, on entend parler de la guerre des roses, qui a opposé plusieurs familles, dont celle de Mary et de Percy. Les roses sont présentes tout au long du récit et sont utilisées de manière efficace et intelligente. La rose révèle une symbolique de par sa couleur. Ainsi, la rose rouge symbolise le pardon demandé, la blanche le pardon accordé et la rose le pardon refusé. J'adore les roses, pour ne rien vous cacher, mais les lier à une telle histoire et à l'Histoire est du plus bel effet ! Si je vous dis que j'ai ADORÉ ce livre, vous me croyez désormais ?
La fin ne va pas du tout dans le sens que je voudrais mais je dois bien faire avec... Le récit ne manque pas de rebondissements et le tragique arrivait sans que je m'y attende ou que je sois prête à l'affronter. Que de surprises nous réserve ce récit !
J'ai découvert les éditions Charleston récemment avec Une héroïne américaine de Bénédicte Jourgeaud, que j'ai également bien aimé. Je vais fouiller davantage dans les rangs de leur bibliothèque car je n'ai pas été déçue jusque là, loin de là ! La bonne nouvelle avec Les Roses de Somerset, est qu'il existe un roman, Plantation, qui se passe des années avant. Je m'en réjouis d'avance !
=> Les Roses de Somerset est un vrai bijou littéraire. Un domaine, une histoire de succession, de l'amour, des pardons avec des roses... le tout raconté par la plume délicate d'une grande femme devenue auteure sur le tard : Leila Meacham.
De la même édition sur le blog :