Il décapite ses proies et les saigne: depuis un an, un tueur en série de lapins sème la panique chez les éleveurs de la Ruhr et rend chèvre la police allemande.
L'auteur présumé de ces massacres "agit la nuit, ouvre les clapiers, décapite les rongeurs avec un objet tranchant et emporte leur tête et leur sang", indique à l'AFP Volker Schütte, le porte-parole de la police de Bochum près de Witten, la commune où le premier cas a été signalé fin mai 2007.
Depuis, 11 cadavres décapités de lapins domestiques ont été retrouvés dans 10 jardins de particuliers à Witten, tandis que huit autres ont disparu de leurs clapiers.
"Les faits ont tous eu lieu dans un rayon de cinq km et se reproduisent systématiquement à l'identique", explique M. Schütte.
Dans la ville voisine de Dortmund, la police a aussi dénombré jusqu'à présent 18 décapitations dans 12 propriétés différentes. La dernière découverte macabre remonte au 2 mai.
De quoi affoler les 400 éleveurs de lapins de la zone concernée même si pour l'instant, le guillotineur ne s'attaque qu'à des clapiers contenant un à trois lapins. "Nous sommes préoccupés et avons renforcé la sécurité de nos clapiers", affirme à l'AFP Willi Naumann, président de la fédération locale des éleveurs de lapins. "C'est triste pour les enfants de voir leurs animaux de compagnie finir de la sorte".
Le sentiment d'insécurité est à hauteur des primes promises à celui qui mettra la main sur le bourreau: 15.000 euros récoltés par la fédération des éleveurs et auprès de particuliers.
"Un montant rarement proposé pour élucider des homicides et totalement inédit pour des affaires de criminalité animale", fait observer M. Schütte.
Une commission d'enquête, composée de cinq experts de la police criminelle, a été créée début avril pour retrouver l'inconnu. Mais malgré plus de 300 interrogatoires menés dans la région et des patrouilles nocturnes, la police ne dispose d'aucun indice.
"L'affaire reste un mystère" car le tueur de lapins, "un homme de la région qui déteste profondément les animaux", n'a laissé aucune emprunte génétique, souligne M. Schütte.
Ce qui est sûr, c'est que ces décapitations portent bien la signature d'un être humain, selon les résultats d'une autopsie réalisée en mai sur un lapin.
Et qu'elles suscitent un début d'intérêt médiatique international comme bien des spéculations. "Satanisme, vampirisme ou défis d'adolescents", ces trois thèses vont bon train au sein de la population, selon M. Schütte.
Pour tenter d'en savoir davantage sur cette énigme de "zoocriminalité", sans précédent dans la région, "la BBC était sur place la semaine dernière", affirme le porte-parole.
Des associations de défense d'animaux ont conseillé aux propriétaires de lapins de les rentrer chez eux la nuit.
La police n'exclut pas que l'inconnu espionne les jardins pour dénicher les clapiers en grossissant par exemple les plans satellites sur internet pour localiser ses proies.
"On attend qu'il recommence", dit M. Naumann. Et la police espère qu'avec un peu de chance, il commettra une erreur ou sera pris en flagrant délit.
Anne PADIEU
AFP