Le très productif Johnnie To revient sur les écrans avec un film estival entre comédie romantique et soupçon de polar. Encore un beau film ?
La critique
C'est l'histoire d'un gang de quatre hommes, unis comme les doigts de la main. Une femme mystérieuse va faire irruption dans leur quotidien, les séduisant un à un sans qu'ils ne se doutent de ne pas êter seul sur le coup. Mais ils vont devoir redescendre de leur nuage : cette femme ne les a séduit que par intérêt. Elle compte sur leur talent de pickpocket et leur ingéniosité pour lui permettre de s'échapper de sa vie cloisonnée avec un vieux mari richissime et possessif. Vont-ils l'aider ? Amour et bravoure rimeront-ils ensemble ?
Sparrow est sans aucun doute un film idéal pour commencer l'été du bon pied. Johnnie To, réalisateur virtuose et à l'aise dans tous les registres (film noir avec Exilé, film engagé avec Election, thriller décalé avec Mad detective et maintenant comédie romantique) livre avec ce nouvel opus une oeuvre ensoleillé, colorée et extrêmement ludique. Avec en fond une musique jazzy/lounge , cette comédie aussi charmante qu'intelligente devient rapidement irrésistible. Car on y retrouve la maitrise du réalisateur alliée à une photographie une fois de plus somptueuse, un casting parfait, des situations parfaitement orchestrées, un savant mélange d'humour et d'action. La première partie est un pur bonheur cinématographique , nous y suivons la démarche gonflée de Chun Lei , bien décidée à séduire la bande des quatre pickpockets. Coups de foudre, face à face alcoolisé...Sans user de dialogues , Johnnie To nous fait vibrer, nous régale de par ses images et ses situations ennivrantes et loufoques. On pense beaucoup à la Nouvelle Vague, forcément un tout petit peu au Pickpocket de Bresson (bien que nous ne soyons pas du tout dans le même registre ici).
Au milieu de l'appartement d'un des protagonistes on remarque un petit moineau dans une cage. On comprend bien que cela symbolise la situation de Chun Lei , bloquée dans sa cage dorée, elle qui a fait un mariage d'argent et qui maintenant rêverait de retrouver sa liberté et d'aimer en toute sincérité. Cette cage c'est peut être aussi l'amour, en l'occurence celui frustré de la bande de pickpockets. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si nos amis vivent de ces vols aussi malhonnêtes qu'amusants. Sparrow est une histoire de possession. Chun Lei est une fille que l'on a pu acheter et qui vient voir des pickpockets pour qu'il la vole à leur tour...mais ils ne la possèderont jamais, son coeur appartenant à un homme que l'on ne voit d'ailleurs jamais. L'argent circule , se vole, pareil pour les sentiments ? En tout cas , une chose semble primordiale pour chacun des personnages : garder son honneur. Pour permettre à la fille de leurs rêves de vivre librement, le gang acceptera un défi de son mari. Un homme provocant, ex pickpocket qui n'hésitera pas à froisser leur fierté. Gare à lui...
Sparrow s'avère donc être un excellent divertissement, très beau visuellement et accessible à tous. A savourer en en décortiquant les plans ou en grignotant son pop corn. Plaisir, plaisir...