La critique
Lya (Leïla Bekhti) a 17 ans et vit en banlieue parisienne. La vie dans les HLM n'est pas rose tous les jours pour elle, surtout avec un père (Samy Nacéri) qui, lessivé par un travail tuant et mal rémunéré, est devenu violent. Ecrire permet à Lya de relâcher la pression, décortiquer la vie de sa famille et affronter ses angoisses. Le destin de sa soeur ainée Chirine (Karina Testa) la préoccupe particulièrement. Cette dernière, très jolie, ne rêve que d'une chose : connaitre la célébrité et profiter des beaux quartiers de Paris. Mais comme on s'en doute, accéder aux paillettes et fuir la cité n'est pas aussi facile qu'il n'y parait et les mauvais coups sont nombreux et dangereux. Chrinie s'entiche ainsi d'Alex (Gianni Giardinelli), un agent bidon qui lui assure que pour percer en tant que mannequin , elle va devoir coucher avec des clients influents. Naïve et un peu amoureuse, Chirine va se laisser entrainer dans les nuits parisiennes et leurs excès , tout en espérant être un jour la star d'une affiche publicitaire. Elle y tient car depuis qu'elle a grandit son père ne la regarde plus. Pendant ce temps , la petite famille évolue. Lya rencontre son premier amour, un ado des beaux quartiers (Théo Frilet), et son père se retrouve malade, de quoi l'amener à réfléchir sur sa position et son comportement au sein de sa famille. Verront-ils la fin de la galère ?
Lorsque l'on sort de la séance de Des poupées et des anges , on est un peu chamboulé. On ne sait pas vraiment quoi penser de ce film à la fois courageux et juste mais aussi parfois (pour ne pas dire souvent) outrancier, maladroit, cliché. Parlons déjà du négatif. Samy Nacéri est juste mauvais, il articule très mal, débite son texte comme un automate et parvient à décrédibiliser un personnage pourtant assez fort sur le papier. Chacune de ses apparitions est une souffrance pour le spectateur ou le moment de franchement se poiler pour ceux qui bénéficient d'un bon second degré. Dans le genre mauvais, Samuel Le Bihan est pas mal non plus, embourbé dans un rôle d'homme d'affaires riche et séducteur à la recherche d'une fille naturelle pour ses prochaines publicités. Autre facheu problème, les clichés. L'intrigue du personnage de Chirine, jeune beurette rêvant de devenir mannequin, en est pleine et la caméra s'attarde volontiers sur sa paire de seins (mes voisins de séance se sont demandés tout le long du film s'ils étaient vrais ou non, mais c'est un autre débat). Enfin, maladroits sont ces passages de slam en voix off avec des rimes parfois ridicules et un côté très surfait...
Mais malgré tous ces défauts, Des poupées et des anges a quelque chose. Oui, il se passe quelque chose sur l'écran, par moments. Leila Bekhti est très juste dans son jeu et ses passages sont criants de sincérité et de sensibilité. Globalement, le film parvient à dresser un portrait de la jeunesse féminine en banlieue. Des filles qui se cherchent, qui veulent essayer de mieux réussir que leurs parents, qui sont confrontées à leur corps changeant et au regard des hommes parfois très dur. Si Lya témoigne d'une très belle maturité et est un peu la deuxième maman de la famille, elle est aussi avant tout une ado qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense, qui a envie de faire changer les choses. Elle est lucide. Ce n'est pas forcément le cas de Chirine, personnage de "bitch" campé par la sculpturale Karina Testa. Si ses intrigues sont , comme dit précédément, souvent clichées, elle sont aussi l'occasion de montrer le calvaire des jolies filles, l'obsession du corps et le regard absolument abject de certains hommes face à ses origines. Chirine sera utilisée, abusée. Même quand elle parviendra à réaliser son rêve , elle ne sera finalement qu'un produit marketing. Finalement le mélange de simplicité (avec le personnage de Lya) et d' artificialité (avec le personnage de Chirine) fonctionne plutôt bien. Le film défile rapidement, passant d'un cinéma avec un vrai regard à des allures de soap un peu facile et clinquant (mais qui s'avère aussi être un bon plaisir coupable). Un mélange assez déroutant mais au final des personnages attachants, qui nous parlent. Nora Hamdi, réalisatrice et auteur du livre dont est tiré le film, en est à son premier long - métrage, on lui souhaite de se débarasser de ses vilains tics et de conserver son amour pour ses personnages et son regard souvent juste sur une cité qui se cherche.
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